Affichage des articles dont le libellé est 4 étoiles. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est 4 étoiles. Afficher tous les articles

mercredi 3 juillet 2019

J'ai vu Miséricorde de Mikkel Norgaard d'après Jussi Adler-Olsen

Maj Juillet 2019 : Aurais-je été sévère lors de la rédactiion de cet article de 2015? Trop d'attente créée par la lecture des romans qui ont précédé ce film vod? J'ai revu avec des amis Miséricorde et les autres opus de la série de films d'après les personnages de Adler-Olsen et ça se laisse voir...


Le 14 avril 2015.

Malgré les affiches aguicheuses placardées dans le métro, ce n'est pas en voyant Miséricorde, le film de en VOD que vous aurez accès au talent de son auteur, le romancier Jussi Adler-Olsen dont je disais le plus grand bien récemment. Si la trame de l'histoire est à peu près respectée, le film a tendance à réunir tous les poncifs de la normalité télévisuelle dans sa narration de l'histoire. 

Les comédiens choisis n'ont plus grand chose à voir avec ceux dépeints par l'auteur :

Carl Morck, décrit comme grognon mais plein d'humour, caustique et irrévérencieux, d'un physique peu avenant (n'est-il pas chauve?) est présenté à l'écran sous les traits d'un rugueux playboy lugubre et d'une grande tristesse.
Assad est normalement un petit gros, qui parle et rit très fort, conduit à fond la  vieille voiture de fonction et ne comprend rien aux expressions imagées de Carl. Dans le téléfilm, il est grand, séduisant, conduit raisonnablement une 508 neuve et semble uniquement présent pour donner une bonne image des minorités au Danemark.
L'histoire prend des raccourcis bien peu valorisants.
Dans le livre, la prisonnière du caisson va se montrer bien plus rebelle que dans le pauvre téléfilm qui en est tiré. Et c'est grâce à son astuce qu'elle arrivera à la fin qui lui est réservée, pas seulement avec l’intervention des deux héros et cela change tout : comme dans les autres oeuvres de Adler-Olson, les victimes ne sont pas de pauvres marionnettes qui attendent le chevalier blanc mais des humains actifs qui se battent avec la dernière énergie.

1h30 d'un polar quelconque

au lieu d'heures de lecture avec des moments de rire, d'angoisse, d'espoir... le choix est vite fait. on se précipite sur les bouquins et ebooks et il sera bien temps de voir le téléfilm qui n'est qu'une video calibrée dont la seule différence avec les modèles habituels d'avoir été tourné au danemark. 
Qui sait, la série Département V de Jussi Adler-Olsen aura peut-être la chance d'être reprise dans quelques années par un metteur en scène avec une vraie vision, comme l a été tardivement Wallander (et finalement avec des comédiens britanniques) .
L'affiche annonce qu'il s'agit du même scénariste que Millenium (film) : même punition, même motif. On ne peut résumer des romans qui mériteraient une série en un seul film sinon à perdre tout ce qui a fait leur succès en librairie.

PS1 : pour info, le 2eme volet, proposé au cinéma cette fois (après tout, avec la mode du polar nordique...) qui porte le même nom que son inspiration écrite "Profanation" continue dans la même veine : Rose, la nouvelle assistante iconoclaste et grande gueule du roman est montrée sous les traits d'une ravissante petite poupée rousse photogénique mais... bon, vous avez compris! 

PS2 : les titres français Miséricorde et Profanation n'ont évidemment rien à voir avec la traduction des titres d'origine : "La femme en cage" et "Tueurs de faisans". Mais , après tout, Retour Vers L'enfer s'appelait "Le tieur de daims" en VO...







jeudi 27 décembre 2018

J'ai vu Making a Murderer. L'excellente série documentaire policière qui fait peur aux innocents.



On peut toujours dire qu'on ne commettra jamais de crime.

 Mais ça ne veut pas dire qu'on ne sera pas accusé. 

 

  MAKING A MURDERER : FABRIQUER UN MEURTRIER

 Source :  article original : alainlacour.com

 

 

Synopsis (wikipédia)

Filmé sur dix ans, ce thriller documentaire suit l'histoire de Steven Avery, citoyen américain qui a passé 18 ans en prison pour agression sexuelle (avant d'être innocenté par un test ADN), avant d'être accusé et condamné pour avoir commis le meurtre de Teresa Halbach deux ans après sa sortie de prison. Sa défense lors du second procès a notamment invoqué le conflit d'intérêt évident (et reconnu) dans lequel se trouvait le département de police du comté ayant mené l'enquête, département qui était poursuivi pénalement par Avery pour mauvaise conduite dans la première affaire.

✅Making a Murderer est formidable.

Ni larmoyant, ni manichéen, Making a Murderer raconte comment les plus défavorisés peuvent se retrouver manipulés et piégés par les forces de justice aux Etats-Unis.
Personnes accusées sur simple délit de sale gueule et décision des policiers, interrogatoires menés de façon manuplatrice, abus de pouvoir sur des personnes fragiles intellectuellement, avocats dilettantes et égocentriques, interrogatoires de mineurs sans avocat ni parent...
Tout est filmé dans le système américain , des interrogatoires aux procès : un bon moyend'analyser les erreurs? Et bien non. Ce qui prévaut à la fin, c'est la conviction du policier qui choisit son coupable, du juge qui privilégie la bienséance et défend les forces de l'ordre, les 3 jurés minoritaires mais bornés qui imposeront leur verdict en refusant toute discussion (comme vu dans "the people vs OJ Simpson"). Et des preuves évoquées par les avocats de la défense dont on n'entend plus parler par la suite (ex : une seule trace adn sur les clés de 4X4 et personne n'en reparle au procès).
Un témoignage effrayant qui fait espérer de ne jamais se trouver dans la peau de l'innocent face à la justice.
Quand on pense qu'en France les procédures et procès sont peu filmés...


 Bande annonce Saison 2 en VF >>>

 

 

Making a Murder est tourné comme un documentaire mais présenté en série télévisée comme une télé-réalité.

Comme nos grands groupes de télé français gavent leurs chaînes secondaires de programmes de télé-réalités étrangers, les téléspectateurs ont pris l'habitude de voir de gros américains enchérir pour
emporter des box de stockage abandonnés, des anglais passer des jours à retaper une vieille bagnole pour la revendre avec peu de profit ou se voir invités dans l'intimité de robustes trappeurs d'Alaska qui vivent de pêche et de vente de peaux de bêtes. Les énigmes policières ont aussi leur créneau, présentant les témoignages des enquêteurs et des civils sur le moindre fait divers ...

Est-ce le cas de Making a Murder?   

oui et non :  ici, le cas de Steven Avery s'étend aujourd'hui sur 35 années et la captation filmographique spécifique du documentaire sur 13 ans (en 2018).

 

 

Le format de Série documentaire choisi est il adapté  à Making a Murderer? 

Oui. Visionner ces nombreuses heures de récit avec des voix françaises rajoutées est tout à fait adapté à ce documentaire fleuve. On garde les ambiances d'origine et on s'éloigne des versions clean et stéréotypées de la justice américaine présentées par les New York Police Judiciaire et autres Experts qui nous ont montré une version idéalisée (et même souvent mensongères) de la justice du pays ''le plus juste et démocratique au monde''.



Ps : une envie de trouver un forum pour en discuter?




 

La 2eme série la plus vue sur Netflix en 2018 est un documentaire


Programmée sur Netflix et visible en Europe aussi, la saison 2 de "Making a murderer " arrive numéro 2 dans les  10 programmes les plus regardés en 2018, aux états unis, incluant la durée de visionnage passée par les spectateurs . Tous les autres bien classés sont des séries classiques de fiction.
Son classement est très bon aussi au niveau mondial.

Fan de polar, il est tentant d'aller voir ce qu'est ce programme documentaire découpé sous forme de série, un média bien différent des traditionnelles séries policières, des documentaires policiers, des télé-réalités scénarisées ou même des docu-fictions romancés.

Vous l'avez vu?

mercredi 22 novembre 2017

J'ai lu "Mécaniques du chaos", roman de Daniel RONDEAU, 2017


       Ils ne sont pas si nombreux, les romans français qui traitent de l'histoire actuelle de notre pays. Les américains excellent dans la ruée sur le fait divers qui vient de se dérouler pour en faire une œuvre de fiction, que ce soit pour le digérer ou pour profiter au plus tôt de l'aubaine alors que les chasseurs de prix littéraires français assurent en ressassant les ouvrages sur le périodes "valeurs sûres" : nazisme, années trente ou 14-18.

       Comme l'a très bien noté Clara Dupont-Monod dans sa chronique du 15 novembre dernier dans "Par Jupiter", les auteurs français ont, comme les autres, le gout de la guerre mais ils aiment plutôt revenir sur le passé déjà bien connu que travailler sur le présent.
Ils sont nombreux les romans situant leur action pendant le nazisme en cette rentrée littéraire 2017 . Qu'importe si l'éclairage qu'ils apportent  n'a rien de si nouveau ni si les faits relatés sont déjà bien connus dans le détail, les jurys suivent et donnent des prix. Ainsi en 2017, les prix Goncourt, Femina, et Renaudot situent leur récit autour des années Hitler-Pétain...

Daniel Rondeau voit pourtant publié "Mécaniques du chaos" cette année et il raconte notre histoire récente interprétée par ses personnages et dans les lieux dont on parle régulièrement.

Corbeil, Les Tarterets/ La Grande Borne sont vus  par les yeux d'un vieil homme qui n'y trouve plus sa place, par son fils prodige et prodigue qui va faire son propre choix, par un adolescent qui apprivoise les démons locaux, par un mafioso local qui gouverne les lieux par la terreur et la corruption.

La Syrie historique et actuelle sera décrite par un archéologue qui y retourne trente ans après ses premières fouilles pour participer à un trafic d'antiquités, de même qu'il nous racontera la Tunisie d'aujourd'hui et le massacre de Setif d'hier.

Malte (où l'auteur a eu des fonctions diplomatiques) sera présente pour ses vestiges et pour ses fonctions de plaque tournante et de paradis du secret bancaire...
Nous allons vivre avec ses personnages de tous âge, origine, éducation et, à différents moments, comprendre  l'une ou l'autre, se poser la question de ce que nous ferions à sa place, le regarder faire ou le juger différemment au fil des pages.

Y aura-t-il un revirement? Une fin? Est-il nécessaire de créer du suspense quand l'histoire est elle-même passionnante? L'écriture de Rondeau détaille mais ne se perd pas en futilités et le roman passe bien vite, comme l'année pendant laquelle se déroule l'action. L'Histoire est personnalisée mais les faits et les lieux décrits peuvent se retrouver dans nos souvenirs bien que les infos fabriquent plus d'oubli que de mémoire. "Mécanique du chaos" nous donnent quelques acteurs
pour l’interpréter et fixer dans nos souvenirs ce qui est arrivé à Harry ou Emma, Omar ou Jeannette, les grandes amours qui s'oublient en quelques mois, les idoles dont les statues tombent...

Avis

Un bouquin qui évite quelques poncifs et qui m'a beaucoup plu (en ebook) . On peut le lire comme un thriller de notre actualité. Une fiction qui m'en a plus appris que les magazines d'info.

Remarques :

  1. déja disponible en bibliothèques de prêt 
  2. se trouver un moyen de mémoriser les noms des personnages peut etre utile pour la suite : ils sont presque tous présents dès les premiers chapitres. Habiba, Bruno, Harry, Grimaud, Levent, Emma, Jeannette, Rim, Qui fait la fiche?
  3. En lui attribuant son Grand Prix du Roman 2017, l'Académie Française s'est montrée plus pertinente vis à vis de l'actualité que les "grandes" attributions  de l'année.  
Alain Lacour 2017

Ecouter

 4min.: http://rf.proxycast.org/1367595648349642752/18153-15.11.2017-ITEMA_21495340-6.mp3





Sources :


Sur Babelio :
ISBN : 2246853788    Éditeur : Grasset (16/08/2017)

Résumé :
Tout commence avec une adolescente somalienne, Habiba, rescapée d'un naufrage sur les côtes maltaises. Elle sera, avec Grimaud, archéologue français résidant en Tunisie, et Harry, jeune orphelin d'une banlieue parisienne, l'un des trois fils rouges de cette fresque qui nous conduit en Somalie, en Ethiopie, en Turquie, en Irak, en Lybie, en Algérie, en Egypte et surtout en France ? A Paris, dans le secret des services, Bruno tente d'infiltrer les réseaux terroristes. En Libye, Grimaud feint de s'engager dans un trafic d’œuvres d'arts qui le conduira à Londres. A cinq kilomètres de Paris, arpentant une de nos cités, Harry écoute, regarde, enregistre, et ne rend des comptes qu'à «  Patron M'Bilal  », l'homme qui règne sur tous les trafics. A Kobané, dans le désert brûlant qui borde la Syrie, Levent, en mission pour services secrets turcs, rencontre un haut dignitaire de l'Etat Islamique ? Objectif  : France  ! Des rues d'Istanbul  aux ruines d'une antique cité pillée par des islamistes, de Tunis aux banlieues françaises désertées par la République, Daniel Rondeau noue et dénoue l'écheveau du chaos contemporain où affairisme, politique et religion s'interpénètrent."







samedi 18 juillet 2015

J'ai lu Une disparition inquiétante, Dror MISHANI

Il semble bien hésitant, l'enquêteur Avraham Avraham (sic)que l'auteur a choisi pour porter cette enquête sur la disparition d'un adolescent israélien. Est-ce parce qu'il n'a pas pris au sérieux la maman qui venait déclarer l'absence incompréhensible de son fils depuis le matin? Est-ce pour éviter tout faux-pas ou pour ne blesser personne, n'avancer qu'à coup sûr?

Et quel étrange voisin que Zeev qui ne demande qu'à se confier à Avraham mais que ce dernier néglige... Il affirme avoir tellement de choses à raconter sur ce jeune disparu à qui il donnait des cours d'anglais et qui a cessé de manière étrange de venir le voir.

Avi Avraham de son côté n'est pas très facile à percer à jour : sa solitude assumée, la relation à  ses parents qui habitent son quartier mais qu'il évite, son besoin de moments privilégiés avec sa supérieure hiérarchique qu'il n'arrive pas toujours à combler.
Et quelle lenteur dans les recherches, quelle inorganisation dans l'utilisation des volontaires pour une "battue" où personne ne connait sa mission...

On est bien loin des revendications d'efficacité affichées dans la propagande des séries et autres films se déroulant dans l'état hébreu même si les images remémorées de Hatufim , Tu n'aimeras point, et autres productions donnant au moins l'image des paysages d'Israël et de Gaza. Et tous ces éléments donnent à "Une disparition Inquiétante" de Dror Mishani un charme tout personnel qui peut fait croire au lecteur qu'il n'est pas tout à fait en train de lire un polar. Notre enquêteur, lui, semble même désavoué par son auteur quand la solution apparaitra comme complètement incompatible avec les impressions qu'il avait privilégiées dès le début de son enquête. Mais...
A noter un bon moment sur la vacuité des échanges inter-polices entre polices de différents états (ici Belgique et Israël).

Un excellent roman selon moi, qui garde sa fraicheur et une partie de son mystère même après son dernier chapitre (désolé pour les cartésiens ).

Alain Lacour


 

lundi 23 mars 2015

J'ai lu les polars de Jussi ADLER-OLSEN et son enquêteur Carl Mørck : Miséricorde, Profanation, Délivrance et 2 autres romans

 

Un enquêteur misanthrope et attachant

Je commençais à en avoir marre des enquêteurs du 21ème siècle que nos auteurs tentent d'humaniser. Nombres d'entre eux ont des problèmes d'alcoolisme, la plupart luttant à grand coups de prières et de flagellation aux alcooliques anonymes. Une bonne partie a eu au moins une mort violente dans ses proches : la femme, un enfant ou les deux, que ce soit dans un accident dont l'auteur a fuit ou,encore mieux, en victimes d'un tueur en série. Ils ont bien du vague à l'âme, les héros des polars récents et ceux qui s'en tirent semblent développer des crises de violence soudaine ou, au contraire différentes inhibitions ou une tendance à rester au boulot bien en dehors des horaires légaux., une tendance héritée des années 90.
Ce fût donc une divine surprise d’entamer la série des polars de Jussi Adler-Olsen.
Son enquêteur, Carl Morck a l'élégance de prendre la vie avec pas mal de recul , faisant la sieste quand il n'y a pas de boulot, acceptant de s'isoler au sous-sol pour la création d'un service censé le tenir diplomatiquement à l'écart des collègues en quête de progression de carrière et de reconnaissance des médias.
Nikolaj Lie Kaas
Après une rixe qui a provoqué la mort d'un flic, l'immobilisation à l'hôpital d'un autre et la mise au placard de Morck, la série débute sur la création d'un service plus ou moins bidon, inventé pour obtenir des subventions et isoler cet inspecteur misanthrope. Pourquoi ne pas le faire travailler sur des cold cases, des affaires restées sans solution?

Les romans

Miséricorde démarre la série en nous racontant cette installation et l'arrivée du premier intervenant , un immigré syrien venu faire le ménage dans le nouveau "département V" et qui fera preuve d'assez de jugeote pour que Carl Morck lui confie des missions, questionnant d'ailleurs le lecteur sur l'origine de cette habileté dans les affaires de police.

Profanation verra l'arrivée d'une stagiaire plutôt horripilante pour l'irascible inspecteur alors que l'enquête qu'il choisit est bien moins consensuelle que la première, revenant sur des violences en série qui impliquerait un petit groupe de jeunes nantis. De nouveaux éléments apparaissent aussi
concernant le drame précédant la création de la cellule d'enquête de Morck.

Ces deux 1er romans de la série sont déja portés à l'écran avec Nikolaj Lie Kaas dans le rôle principal :  Kvinden i buret pour le 1er,  et Fasandræberne pour le 2eme.  Les autres sont déja signés.


Mon avis

J'en suis là actuellement et je suis très heureux de découvrir une série si réussie, alors que 5 romans sont déjà parus en français, faciles à trouver en papier ou en ebooks, éventuellement en poche, occasion, bibliothèques de prêt. Les récits sont impeccables, les situations installées habilement entre l'ordinaire des citoyens danois ou immigrés, de la vie de l'enquêteur et l'extraordinaire des nantis ou des SDF, de la violence passagère , de la pression politique... Selon la loi des séries, le crime initial est connu de mieux en mieux au fil des livres.

Lire des extraitsEn terre scandinave

Références : 

jeudi 22 janvier 2015

J'ai lu Bon Voisinage de Ruth Rendell



  Rangée des enquêtes policières de son Inspecteur Wexford, Ruth Rendell s'est depuis longtemps orientée vers des romans de suspense qui lui laissent beaucoup plus de latitude pour installer ses trames parfois angoissantes.
Elle est un des auteurs dont je suis au plus près les productions et leurs traductions en français.
   "Bon Voisinage" reprend une de ses spécialités: dépeindre les rapports entre habitants d'un même quartier ou, comme ici, d'une petite rue plutôt huppée où les domestiques sont nombreux, bien que de statuts tous différents, auprès de propriétaires eux aussi divers. Les domestiques sont d'ailleurs le lien entre eux tous car , à l'initiative de l'une d'entre eux, ils se réunissent de temps en temps pour des réunions où l'on discute et revendique.

   Tout ceci serait d'un ennui d'un autre âge si Ruth Rendell se contentait d'y introduire une mort violente puis ensuite de dénoncer la brebis galeuse qui dépare le troupeau.Comme chez Patricia Highsmith mais de façon encore plus féroce, les personnages se révèlent en vérité au fil des pages et ceux que l'on croit perdus ne le seront pas forcément, de même qu'aucune certitude ne sera donnée quant à l'arrestation du plus flippé d'entre eux.

La narration est superbe malgré quelques contresens passés à travers la relecture avant l'impression. (A se demander si les éditeurs professionnels font vraiment mieux que les passionnés qui traduisent dans leur coin un roman et le distribuent anonymement et gratuitement sous forme d'ebook : plus de 20 euros pour un bouquin de moins de 300 pages en gros caractères, il faut avoir les moyens et la biblothèque adéquate...).
Un roman excellent qui ne cherche certainement pas de fin morale mais, comme souvent avec Rendell, le voyage compte davantage que le but du voyage.

Alain Lacour

 

Fiche fnac

Auteur Ruth Rendell
Traduction Johan-Frédérik Hel-Guedj
Editeur Des Deux Terres Eds
Date de parution 19/02/2014
Collection Best-Seller
ISBN 2848931647
EAN 978-2848931647    

mardi 25 novembre 2014

J'ai vu The Fall, une mini série très noire, très réussie.


Maj 2019 : une 2eme saison est parue. Les deux saisons visibles sur Netflix 

Si vous aimiez Scully, l'enquêtrice des X-Files, interprétée par Gillian Anderson, vous apprécierez sans doute son retour dans la série The Fall.
En effet, Gillian Anderson retrouve la voix française de Caroline Beaune  en interprétant Stella Gibson, un cadre de la police britannique appelé à Belfast pour vérifier qu'une enquête récente a bien été réalisée dans les règles. Elle demande à prendre la suite de l'enquête lorsqu'il apparait que le cas est complexe...
Ce personnage intransigeant impulse sa direction et ses choix au cours des 5 heures que durera cette saison 1.
La série présente à égalité de traitement le personnage du meurtrier, interprêté par Jamie Dornan, ancien mannequin tout à fait convaincant dans son ambiguité.


J'ai beaucoup apprécié cette saison 1 qui n'offrira pas de resolution définitive et appelle inévitablement une suite. Les 5 épisodes passent bien trop vite mais je pense déjà la revoir en détail...
A.L.

Création, scenario et production d'Allan Cubitt.
  • existe en DVD
  • existe sur Netflix
  • existe en VOD 

Le Making Of (vo sous titrée)

Wikipedia : Synopsis

La série suit une enquête du Service de police d'Irlande du Nord (PSNI en anglais pour Police Service of Northem Ireland) sur une série de meurtres récents. Après 28 jours d'investigations sans résultats, la PSNI fait appel au Superintendant Stella Gibson de la Metropolitan Police Service pour réexaminer le dossier. Sous son commandement, la police locale doit traquer et arrêter un tueur en série, Paul Spector, qui s'en prend à des jeunes femmes de Belfast.



lundi 9 décembre 2013

J'ai vu Broen/Bron, l'original de The Bridge / Série


Broen/Bron : Je ne suis pas le premier en Europe à vanter cette série qui semble pour l'instant passer en dessous des radars des télédiffuseurs français (si l'on excepte canal+séries qui officie depuis lea fin septembre 2013). Rendons à César... Télérama a un article qui résume très bien cette problématique d'une série dont le scénario intéresse de nombreuses télévisions qui décident, non de la diffuser, sous titrer ou doubler, mais de la refaire à 100% dans le pays d'adoption. Cette série suedo-danoise donnera ainsi une rencontre americano-mexicaine dans "the Bridge USA" puis "Tunnel" avec des intervenants franco-britanniques.
La production réalisée en Scandinavie serait-elle donc ratée, ou mal jouée, ou impossible à comprendre?

Mon avis :
  • Au contraire : Broen/Bron est, à mon avis,  une réussite . Un corps est retrouvé sur la frontière entre 2 pays limitrophes, ici sur le pont qui sépare (ou relie) Suède et Danemark. Une enquêtrice suédoise est dépêchée de Malmö, un enquêteur danois de Copenhague. La victime est une personnalité politique suédoise mais il y aura un petit problème au moment de la transporter à la morgue.
Dès le départ, on retrouve un ressort souvent utilisé pour intéresser le spectateur : deux enquêteurs totalement différents sont obligés de coopérer.
Mais la richesse de Broen est ailleurs : nul mannequin de mode n'est employé ici en guise d'acteur comme on le voit dans les séries habituelles :
Saga la suédoise( Sofia Helin), bien que reconnue comme très compétente, semble incapable d'intégrer les
dimensions humaines qu'on vante universellement dans la mythologie des séries. Bien que décédée, une victime garde ses défauts et impossible d'oublier les erreurs qu'elle a pu faire. Célibataire et foncièrement solitaire, elle ne fait une rencontre que pour avoir une relation sexuelle, ne ménage pas les témoins quelle que soit leur émotion, ne s'intéresse pas à la vie privée de ses proches. Au travail, on la jusge "spéciale" mais, comme le patron est mal coiffé, sans costume... Une bouffée d'air pur loin du FBI des séries US.


Martin (Kim Bodnia), le danois vit son 2ème mariage, hébergeant son 1er fils qu'il a du mal à gérer et n'a de cesse de connaitre mieux saga et de lui apprendre la vie sociale telle qu'il la comprend. Il est trop gros,sympathique, chaleureux mais est-il le plus honnête des deux?
  • Le méchant de cette série tue pour alerter les sociétés sur leurs propres dysfonctionnements. Tuer quelques SDF alors qu'il en meurt davantage chaque année à cause du froid. Faire payer la rançon d'un kidnapping par des chefs d'entreprises nommés sur les médias, etc...
Non, la première saison ne se terminera pas bien et c'est transformés qu'on retrouvera les deux enquêteurs en saison2.

A noter :
  • Broen/Bron a été diffusée en danois et suédois au royaume uni en vesion simplement sous-titrée et a fait un tabac.
  • Dans les remakes, les enquêtrices féminines semblent avoir gardé la blondeur et la plastique de l'actrice suédoise mais le personnage masculin joue la carte de la séduction. C'est bien dommage.
  • Canal+ annonce en décembre 2013 que la saison 1 sera diffusée dès le 6 janvier 2014
Broen est donc bien une illustration de l'article précédent dans lequel je comparais remakes US et leurs versions d'origine.

Alain Lacour



Chanson : "Hollow Talk" / Young Believers. Générique d'entrée de Broen|Bron.

dimanche 12 août 2012

L'homme de Lewis,Peter MAY, roman - - - Archives 2008 : Les Disparues De Shanghai

Peter May, L'Homme De Lewis             Aout 2012



Peter May est l'auteur d'une jolie série chinoise qui mettait en action un policier chinois qui devait composer avec sa hiérarchie tout en entretenant une liaison avec une américaine exilée venue en Chine pour y échanger des connaissances sur la médecine légale. Les disparues de Shanghai était chroniqué sur ce même site en 2008 et on retrouvera ce texte ici en fin de page.

"L'homme de Lewis" est un roman beaucoup plus mûr du même auteur ,  livre paru et traduit beaucoup plus récemment. Peter may y fait intervenir un héros récurrent d'une nouvelle série, écossaise cette fois : Fin McLeod.
Après des déboires dramatiques, mcLeod retourne sur l'île Lewis, des hébrides écossises,qui l'a connu enfant,. Le retour peut sembler rude puisque Fin ML installe une tente dans les ruines de l'ancienne maison familiale sur cette île peu épargnée par le vent, la pluie... Il y retrouve son amour de jeunesse dont le père Tormod est atteint d'alzheimer et le frère a du mal à s'installer avec son amie a qui il a fait un enfant...
Voila qu'on retrouve dans les tourbières le corps d'un homme mort il y a plusieurs décennies. En retrouvant son identité, il apparait que Tormod est le principal suspect : comment pourrait-il se défendre alors qu'il ne se souvient pas de ce qu'il a fait l'heure précédente?
Fin mc Leod va enquêter sur la presqu'île voisine d'où est originaire le vieil homme et essaiera de retracer le parcours lointain et tortueux de cet homme, rappelant ainsi le sort que réservaient les autorités écossaises aux orphelins qu'on envoyait sur ces îles comme main d'oeuvre.
Le récit est formidablement réparti entre les impressions et souvenirs que Tormod ressasse et la narration de l'enquête de Fin. Les atmosphères sont intéressantes, la géographie des lieux une découverte, les évolutions amenées avec intelligence, les caractères des personnages fouillés et particuliers.
Une réussite qui est un retour de cet auteur à sa région natale et un témoignage de sa formidable évolution d'écrivain.

L'homme De Lewis  / Peter May   
Prix : 20.00 € /    ISBN : 978-2-8126-0253-5     Sorti le : 12/10/2011



21 octobre 2008 

Peter May, Les disparues de Shanghaï

Quand on retrouve des corps de femmes démembrées dans un chantier à Shanghaï, on a vite fait de se rendre corps que les corps ont déjà été "ouverts" comme lors d'une autopsie et il leur manque de nombreux organes. Vol d'organes destinés à la revente? Ce serait trop simple : en effet, tout semble avoir été fait pour garder en vie le plus longtemps possible les pauvres victimes alors qu'il est habituellement possible de prélever des organes post-mortem.
Voilà le postulat de départ de cette enquête où l'on retrouve le policier pékinois ( pékinois de Pékin, pas le chien!) Li Yan et l'indomptée légiste américaine Margaret qui refuse toujours de se faire aux us et coutumes locales. Comme ce serait trop simple de les laisser s'envoyer en l'air comme ils avaient commencé à le faire dans les opus précédents, Peter May a cru bon de rajouter une séduisante enquêtrice chinoise qui a tout pour faire revenir le beau Li vers des amours chinoises.
Hélas, il devient vite lassant de voir les deux femmes se chamailler pour passer au "Li", entre les piques acerbes, les souleries de l'Américaines, les problèmes de yin et Yang de la chinoise et les hésitations de collégien du chinois qui se rappelle les bon coups avec l'une et est prêt à se laisser tenter par l'asiate.
l'enquête va de rebondissements en évolutions , naviguant entre les pressions politiques et la gymnastique intellectuelle compliquée à laquelle il faut se livrer dans une Chine héritière du passé mais pressée de s'enrichir ( on est en 2000).
Comme souvent dans un polar bien fait, le lecteur avait la possibilité de trouver la solution assez tôt mais ce n'était pas évident et on ne peut précéder les enquêteurs que de quelques lignes ou pages. Il reste que tout ceci est bien convenu et qu'on a lu ou vu beaucoup plus trépidant et angoissant comme enquête se déroulant en chine.



Il serait injuste de le comparer avec le magnifique
"Le tigre blanc" de Robert Stuart Nathan .




Dans "Les disparues de shanghaï", on reste dans l'ambiance polar classique. Pourquoi ne pas alors revenir au premier opus de la série que je conseillerais plutôt :
MEURTRES A PEKIN de Peter May , éditions du Rouergue, qui a l'avantage de nous faire découvrir les personnages. Ici encore, les "suites" ne valent pas le premier livre.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Tigre_blanc
http://totalybrune.canalblog.com/archives/2012/06/11/24465984.html


jeudi 24 mai 2012

Europa Blues - Arne DAHL - Roman

L'Europe n'en finit pas de s'examiner, s'ausculter, se souvenir.
Et ce n'est pas surprenant tant notre histoire récente recèle de sujets qui interpellent un auteur ou donnent des idées de scénarii.
Mais comment agencer différentes histoires d'hier et aujourd'hui en un roman policier qui tient du thriller, du roman historique, de la chronique de moeurs.
Europa Blues a mis plus de 10 ans pour être traduit du suédois par Rémi Cassaigne pour paraitre dans les Policiers Seuil.  Sommes nous ici encore dans la bulle nordique qui fait que tout auteur proche du cercle polaire connait aujourd'hui une possibilité de s'exporter et d'être traduit, quitte à nous faire avaler de peu enthousiasmantes productions comme je l'ai constaté récemment ici même?
Pas de ça chez Arne DAHL !
La première partie nous fait, comme souvent, entrer dans la vie d'un groupe de policiers suédois. Cette fois, c'est une brigade qui se spécialise sur les affaires ayant une dimension internationale. danger :  un auteur nordique, une section spéciale qui échapperait au regard critique du lecteur averti... une façon habile de raconter n'importe quoi?
Il n'en est rien et c'est une heureuse surprise.
Les personnages sont parfaitement décrits et suivis, chacun ayant la possibilité de vivre dans cette intrigue. Les scènes  et dialogues sont exemptes de stéréotypes. L'humour est léger, les sentiments suggérés, les rapports de force raisonnables. C'est la première partie du roman qui se déroule en Suède, le moment où des événements tragiques de types différents semblent néanmoins avoir finalement des points communs.
Puis  une recherche auprès des collègues étrangers par l'intermédiaire d'Europol va étendre petit à petit l'étendue de la vision de l'affaire. Les ramifications sont nombreuses et, non, ce n'est pas gràce à des tests ADN réalisés en quelques minutes, des jumelles à vision nocturne ou des observations satellite que nous voyons l'intrigue s'enrichir : il y a ici un vrai travail d'enquête, des dialogues humains, des erreurs et des succès.
Dans l'espace  de la Toscane à l'Ukraine ou à la Pologne, dans le temps en remontant à nos passés glauques pendant le temps des guerres nationalistes contre les soviétiques ou les nazis, dans l'humain quand certains devront réviser l'opinion qu'ils avaient de leurs aïeux... Pourront-ils dire toute la vérité à leurs proches ou choisiront-ils de les protéger d'un mensonge?

C'est un formidable roman qui nous laisse parfois entrevoir une partie de la vérité mais nous réservera quelques surprises. De plus, l'auteur sait amener son intrigue dans une prose que ne gâte pas la traduction en français, faisant parvenir "en l'état" un témoignage écrit d'un témoin du passé sous forme d'un journal de captivité. La violence ne se nourrit pas d'elle-même au fil des pages, les sentiments se racontent avec pudeur, la grande histoire ne tue pas la petite, les enfants bruns et les enfants blonds jouent ensemble dans le jardin toscan...
Un très bon moment de lecture qui se termine sur une note d'espoir.



 D'autres avis :

Fiche détaillée : Europa blues

Auteur Arne Dahl
Editeur Seuil
Date de parution 09/02/2012
Collection Seuil Policiers
ISBN 2020927667
prix :   21€50
présent en bibliothèques de prêt. 
pour lecteur adulte.



mercredi 25 avril 2012

Franck Thilliez - Gataca & Vertige

1.   GATACA - Roman - Frank Thilliez


Etre gaucher peut être un magnifique avantage quand il s'agit de survie : une étudiante en évolution des espèces fait sa thèse sur ce sujet et en meurt après avoir rencontré une dizaine d'hommes violents et gauchers emprisonnés. Un scène de crime issue de la préhistoire peut-elle fournir des éclaircissements sur cette disparition?
Deux personnages apparemment déjà proposé par Frank Thiellez dans un ouvrage précédent ("Le syndrome E") vont se retrouver quand ce mystère les poussera à refaire équipe.
  • Pas la peine de tourner autour du pot : C'est mon coup de coeur du moment. Bien que les deux enquêteurs de Thilliez m'aient un peu paru stéréotypés au départ, l'intrigue, l'écriture, l'enchainement parfait ont vite eu raison de ma méfiance et c'est une gourmandise de découvrir un bouquin pareil, de plonger dans ces pages où science et littérature se marient en un thriller formidable.
Notes et références : voir bas de page



2.   VERTIGE - Roman - Frank Thilliez

Il me fallait VERTIGE pour confirmer la très bonne impression que m'a fait GATACA la semaine dernière.
Un huis clos angoissant  mais vous avez sans doute remarqué qu'un huis clos se doit de l'être.
Trois hommes qui ne se connaissent pas se retrouvent enfermés en compagnie d'un chien lunatique au fond d'une grotte murée.
Le seul des humains à ne pas être enchainé porte un masque de fer qui le rend anonyme mais tous  semblent prisonnier et obligés de survivre avec les modestes moyens qui leur sont laissés. Difficile de ne pas soupçonner toutefois que l'un d'entre eux n'accomplit pas une vengeance comme le laisse penser le message qu'on leur a laissé...


  • Derrière toute grande fortune, il y aurait un cadavre mais les gens du commun sont ils aussi honnêtes qu'ils le paraissent? Un Excellent thriller qui nous fait découvrir des personnages ambigus, incompatibles dans une vie en liberté mais qui devront se supporter et se soutenir pour évoluer. Il n'y a pas de petit mensonge et un innocent aveu peut avoir une cascade de répercussions.  Dans ce 2eme roman que je découvre, Frank Thilliez  nous emmène à la découverte de  personnages qui nous évoquent forcément  des gens que nous connaissons  , quand il ne s'agit même de notre propre personnalité... Troublant. Une réussite. 

NOTES ET REFERENCES 

1. GATACA

Note : on peut lire GATACA sans avoir lu "Le Syndrome E ". C'est mon cas.
  • Présentation par  l'éditeur sur Amazon

    L Évolution est une exception. La règle, c est l Extinction.
    Une jeune scientifique spécialiste de l évolution des espèces, retrouvée morte, attaquée par un primate.
    Onze hommes derrière les barreaux. Leurs points communs : tous ont commis des crimes barbares et tous sont... gauchers.
    Enfin, la découverte d une famille de Néandertaliens assassinée par un Cro-Magnon.
    Quel est le rapport entre ces affaires et des crimes éloignés de 30 000 ans ?
    La clé est dans ces quelques lettres : GATACA...
    Après le succès du Syndrome E, Franck Thilliez remet ses deux célèbres personnages, Lucie Henebelle et Franck Sharko désormais inséparables, sur le devant de la scène. [...]


    2. VERTIGE - 

  •  Broché: 330 pages
  • Editeur : Fleuve Noir (13 octobre 2011)
  • Langue : Français
  • ISBN-10: 2265093769
  • ISBN-13: 978-2265093768
  • Prix : 20,90€ 
  • Parfois disponible en  bibliothèques de prêt aussi...
  • Présentation par  l'éditeur sur Amazon

    Un homme se réveille au fond d'un gouffre, au coeur d'un environnement hostile, deux inconnus et son fidèle chien comme seuls compagnons d'infortune. Il est enchaîné au poignet, l'un des deux hommes à la cheville et le troisième est libre, mais sa tête est recouverte d'un masque effroyable, qui explosera s'il s'éloigne des deux autres. Qui les a emmenés là ? Pourquoi ? Bientôt, une autre question s'imposera, impérieuse : jusqu'où faut-il aller pour survivre ? Pour son 10e roman, Franck Thilliez réussit un tour de force dans ce huis clos étouffant et glacial à la fois, où il joue à décortiquer l'âme humaine confrontée aux situations de l'extrême. Sans jamais épargner son lecteur, manipulé jusqu'à la dernière ligne, et, qui sait, peut-être plus encore... 

    mercredi 4 janvier 2012

    Philby, portrait de l'espion...Roman de Robert Littell

    L'idée semble étrange de revenir sur l'histoire de Kim Philby qui défraya la chronique dans les sixties en passant à l'est alors qu'il était en passe d'être découvert par les services de contre-espionnage de l'ouest.
    Alors, quel était l'intérêt de le faire revivre aujourd'hui?
    Le scandale qui en a découlé?
    La méfiance qui devait perdurer quant aux services secrets britanniques dont il était l'un des piliers et la tâche difficile du nettoyage de ces services (La Taupe ou L'espion qui venait du froid)?
    L'histoire aujourd'hui connue de ces quatre étudiants du Cambridge des années 30 qui allaient pactiser avec le communisme ( Cambridge Spies)?
    Les services américains dirigés par un James Angleton convaincu que les hommes de Moscou étaient partout?
    L'apparition du traître dans les documentaires ou même représenté à la fin de sa vie dans le 4ème protocole...

    Alors, que va apporter Robert Littell avec son récent "Young Philby" paru en novembre dernier (2011) en version française?
    Au premier abord, l'ouvrage semble bien léger, en quantité : une suite de témoignages narratifs respectant la chronologie de la vie du "Jeune Philby", témoignages directs ou indirects de gens amenés à parler de lui et des circonstances qui les ont mis en rapport avec ce espion en devenir.

    L'histoire est connue, presque classique et le lecteur cherche à recouper les informations qu'il a déjà du personnage, des différences avec la mini série de la BBC ou des héros de John Le Carré. Un jeune diplomé de la meilleure société est approché puis recruté par les services secrets soviétiques dans l'espoir qu'il fera carrière dans la politique, le journalisme ou même les services secrets. On fera appel à cet espion dormant indétectable quand il aura une situation stratégique...
    Littell écrit bien, donnant une apparente vérité aux différents styles de ses témoins , adaptant sa technique de narration à chacun et il est assez facile de suivre le fil de l'histoire.
    Mais la vraie force du roman est de proposer dans les derniers chapitres une version formidablement différente de celle que l'on connait bien aujourd'hui. Une version qui "s'appuierait" apparemment sur un solide témoignage même s'il ne faut pas oublier qu'il s'agit d'un roman, de fiction et non de documentaire.
    Alors oui, vraiment, le bouquin vaut le coup d'être lu par les connaisseurs de l'affaire Philby car, à la lumière des rapports de force entre grandes puissances aujourd'hui, l'hypothèse de Littell est plus crédible qu'elle ne l'aurait été au lendemain de la défection du maître espion. Une bonne occasion de se pencher sur la bibliographie de Robert Littell.
    Mais il n'y aura jamais de certitude à ce sujet car aucune archive ne pourra jamais être perçue comme véridique...

    A lire : pour les fans d'espionnage au temps de la guerre froide, pour les amateurs de bonne prose.
    Les novices pourront commencer par "Cambridge Spies" en video...
    A acheter : pour compléter la série liée à cet espion ou cette époque (environ 20€).
    Souvent en dotation dans les bibliothèques (généralement en prêt nouveauté de courte durée)




    Références :

    dimanche 9 octobre 2011

    Justified / Série


    Les acteurs américains ont toujours eu une démarche qui campait déjà leur personnage. John Wayne arrivait d'un pas lent, s'ancrant dans le sol et on ne l'a guère fait courir plus de trois pas, même pour jouer les misérables policiers réacs dans les eighties.

    Un peu plus tard, on a eu les écraseurs, qui avancent d'un bon pas, les pieds ouverts : les Richard Gere et autres Travolta même si ce dernier a souvent ajouté des nuances légères renforçant la noirceur de certains rôles. Comme Delon n'a souvent que joué le rôle d"Alain Delon" ou Gabin faisait du Gabin et étaient choisis pour celà, nombre d'acteurs américains non issus de l'Actor Studio se créaient une personnalité générale et ne la modifiaient que par touche pour chaque rôle.

    Timothy Olyphant, dans "Justified" est un Marshall sudiste qui en a la lenteur légendaire mais oscille parfois comme un adolescent ( ici de 43 ans) monté en graine qui ne sait que faire de ses longues jambes qui lui seraient poussées  en une courte nuit entre les derniers sms échangés à l'aube et le réveil tardif et urgent pour les cours sadiquement programmés dès 10 h00 du matin.
    Mais Raylan Givens, son rôle dans la série, est bien plus dangereux que son apparence ne le laisse supposer. Comme Lucky Luke, il a fait ses choix de morale et tire plus vite que son ombre.

    Cette philosophie est-elle applicable en 2011 dans une série policière alors que les ligues de vertus chrétiennes évangélistes sont surpuissantes?

    Mais oui, bien sûr!
    Une série télévisée américaine où l'on prononce plus d'une fois le mot "Fuck" par épisode est désormais interdite aux moins de 12 ans mais on peut continuer à tuer à tour de bras et baiser un peu tant que le bas du corps reste caché sous les draps ; cette dernière règle ne gène pas trop les scénaristes puisque seule une position est autorisée chez les gentils, une de plus chez les dévergondé(e)s et encore une supplémentaire chez les méchants élevés au ranch puisqu'elle évoque l'espèce canine.

    Raylan Givens (Timothy Olyphant) a pourtant bien des soucis. Est-ce sa faute si les méchants qu'il pousse au pied du mur finissent toujours par lui tirer dessus et se font descendre par ce qu'il est en état de légitime défense (tir justifié > "Justified", cqfd) ?
    Alors qu'il a fui le Kentucky, ses péquenauds, ses alcools frelatés et autres accouplements consanguins pour la douceur suave de Miami, le pauvre se verra renvoyé au pays après avoir descendu de façon "justifiée" un tueur de la mafia sur une terrasse de restaurant bondée.
    Alors, malheureux, notre héros?
    Mais non , il ne lui faudra que treize épisodes de la première saison pour revendiquer son appartenance à ce Kentucky où il est né : arrosé de Bourbon, nourri de Fried Chicken, où l'on frappe trois coups sur le montant des moustiquaires avant d'entrer.

    Et le méchant?
    Le méchant est évidemment un ami d'enfance du flic.
    Leurs pères respectifs sont presque aussi vereux l'un que l'autre, ils ont courtisé les mêmes filles et joué ensemble à je ne sais plus quel sport local dont seul les américains connaissent les règles, etc...
    J'ai vu Dieu ou je fais semblant?
    Erica goes to PloucVillage
    Et voila-t-y pas (would'n't you know that?) que le méchant ( Walton Goggis) aurait rencontré Dieu dès le début de la série grâce à l'aide du gentil marshall qui lui a fait voir la lumière blanche au bout du tunnel avant de réchapper miraculeusement de la mort !
    Goggis, après son rôle de premier ordre dans "the shield " ( et une pléthore d'interprétation en une quinzaine d'années) est formidable dans Justified, avec une palette d'émotions qu'on soupçonnait déjà. Cet acteur est impressionnant et les épisodes nous donnent l'occasion de voir son personnage évoluer, au moins en apparence. Mais les humains changent-ils vraiment?
    Les deux premiers épisodes seront évidemment déclencheurs sur ce que vous penserez de l'ambiance, des thèmes, des personnages.
    Moi, j'adore et, comme je n'ai trouvé de trace de diffusion française que sur une chaine "orange" (!), on essaiera la location de dvd pour s'en faire une idée entre amis et éventuellement y passer la nuit.


    Timothy Oliphant (le marshall) a ses détracteurs après ses prestations dans Scream2, la série Deadwood, Dream Catcher ou the girl next door.. Aucune trace de ce mec dans mon cerveau poussif mais je l'aime bien dans Justified :
    • ce mélange de "je me fous de ta gueule" et " on frappe avant d'entrer", 
    • cette opposition entre "j'ai un gros calibre " et "je marche comme une pétasse", 
    • ce physique de grande gigue qui n'a jamais connu les appareils de muscu.
    Walton Goggis est formidable (je le rappelle) dans cette série encore produite chez FX (comme "the shield) et très à l'aise loin des métropoles chères aux initiateurs de séries.

    Les personnages féminins offrent également une certaine complexité avec, en acteurs récurrents :
    • la calme ex-femme du marshall, Natalie Zea
    • Joelle Carter son amie d'enfance qui va enfin "conclure" de plusieurs façons
    • Erica Tazel, une enquêtrice qui a un peu de mal dans le monde des Pierrafeu  
    Les fans remarqueront que la deuxième saison est disponible également.