Etrangement, il a fallu une adaptation britannique de la BBC pour donner la vie à Wallander dans son identité suédoise : paysages, caractère des personnages et surtout leur humanité, lumière du court été et demie obscurité des saisons froides.
Les séristes françaises essaient de nous faire croire qu'une série réussie, c'est une histoire valable mais c'est faux . En copiant uniquement les scénari américains ou anglosaxons, les résultats obtenus par les productions de TF1 sont pitoyables : gros salaires pour des acteurs recalés du cinéma ou venus de la série Z des téléfilms, réalisations baclées, diction annonée, prises de vues à sensation genre camescope, abus des prises nocturnes qui masquent la misère et créent l'artifice du mystère...
La série wallander de la BBC est, elle, une réussite accomplie alors que l'intrigue est juste passble. L'image est réellement inventée, faite de couleurs saturées, d'un adoucissement des contours qui combat la sécheresse du numérique, de premiers plans qui occultent les fonds pour se focaliser sur les personnages.
Les acteurs sont parfaits en tous points surtout dans la version originale en anglais, un paradoxe pour planter des personnages suédois. Kenneth Brannagh est splendide d'humilité face à ses partenaires, en policier conscient de ses faiblesses, de son viellissement, de son retour vers son histoire ou ses relations avec les autres.
Les textes sont merveilleusement dits et on est à cent lieues des récitations à la française ou des VF désincarnées et connues dans d'autres personnages typés d'autres séries.
Les acteurs souvent britanniques deviennent porteurs de la Suède dans leur transplantation sur le lieu qui leur donne sa légitimité.
"Les morts de la saint Jean", qui serait le 3ème de la 1ère saison (Arte, janvier 2011) peut représenter un challenge pour celui qui dirige les acteurs mais aussi un film passionnant pour le béotien qui ne connait pas les romans et n'a pas vu les premiers épisodes passés en début d'année sur la chaîne franco-allemande.
Quel est ce commissaire Wallander éreinté qui semble condamné à relever les plaques d'immatriculation des voitures émergeant du ferry?
Qu'essaie de lui dire son subalterne Kalle Svalberg , épuisé lui aussi bien que rentrant de congé, qui mentionne que les sentiments et le travail ne font pas bon ménage et qu'il se pose aujourd'hui des questions?
Quand Svalberg est retrouvé mort chez lui, non pas suicidé comme on aurait pu le craindre mais abattu, Wallander se demande s'il n'aurait pu lui prêter plus d'attention. Et comment reprendre l'enquête sur la disparition de quelques jeunes "pas cools" sur laquelle bossait en solo le flic décédé et qui semblait l'intéresser au delà du professionnel?
L'épisode est absolument formidable par son humanité, sa qualité de photo et de réalisation, la qualité de jeu des acteurs qui actualisent une intrigue datant de l'époque où les tueurs en série avaient la cote sans que cela nous barbe.
Et oui, même avec une intrigue datée, on peut faire très bien au lieu de suivre la mode sans grand résultat.
Note : la version doublée en français est d'assez bonne qualité mais souffre des défauts habituels : langage écrit utilisé à l'oral ("je suis revenue CAR mes parents... dit une ado rebelle. Qui emploie "car" à l'oral?), voix reconnaissables, ambiance sonore stérile...
A voir : OUI
Les Enquêtes de l'inspecteur Wallander - Saison 1 - Épisode 3 sur Arte VOD 3.99euros
Les morts de la Saint-Jean
Le jour de la fête de la Saint-Jean, un groupe de jeunes gens coutumiers des soirées costumées disparait brusquement. Des cartes postales en provenance des quatre coins de l’Europe semblent prouver qu’ils ont improvisé un voyage… Mais une mère s’inquiète et prévient la police.Dubitatif, Wallander ne tarde pas à découvrir qu’un de ses fidèles coéquipiers est fatalement impliqué dans l’affaire… Une jeune fille aux tendances suicidaires l’aide à déterrer la vérité. Au fond, connaît-on vraiment les gens avec qui l’on travaille tous les jours ?
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