Les acteurs américains ont toujours eu une démarche qui campait déjà leur personnage. John Wayne arrivait d'un pas lent, s'ancrant dans le sol et on ne l'a guère fait courir plus de trois pas, même pour jouer les misérables policiers réacs dans les eighties.
Un peu plus tard, on a eu les écraseurs, qui avancent d'un bon pas, les pieds ouverts : les Richard Gere et autres Travolta même si ce dernier a souvent ajouté des nuances légères renforçant la noirceur de certains rôles. Comme Delon n'a souvent que joué le rôle d"Alain Delon" ou Gabin faisait du Gabin et étaient choisis pour celà, nombre d'acteurs américains non issus de l'Actor Studio se créaient une personnalité générale et ne la modifiaient que par touche pour chaque rôle.
Timothy Olyphant, dans "Justified" est un Marshall sudiste qui en a la lenteur légendaire mais oscille parfois comme un adolescent ( ici de 43 ans) monté en graine qui ne sait que faire de ses longues jambes qui lui seraient poussées en une courte nuit entre les derniers sms échangés à l'aube et le réveil tardif et urgent pour les cours sadiquement programmés dès 10 h00 du matin.
Mais Raylan Givens, son rôle dans la série, est bien plus dangereux que son apparence ne le laisse supposer. Comme Lucky Luke, il a fait ses choix de morale et tire plus vite que son ombre.
Cette philosophie est-elle applicable en 2011 dans une série policière alors que les ligues de vertus chrétiennes évangélistes sont surpuissantes?
Mais oui, bien sûr!
Une série télévisée américaine où l'on prononce plus d'une fois le mot "Fuck" par épisode est désormais interdite aux moins de 12 ans mais on peut continuer à tuer à tour de bras et baiser un peu tant que le bas du corps reste caché sous les draps ; cette dernière règle ne gène pas trop les scénaristes puisque seule une position est autorisée chez les gentils, une de plus chez les dévergondé(e)s et encore une supplémentaire chez les méchants élevés au ranch puisqu'elle évoque l'espèce canine.
Raylan Givens (Timothy Olyphant) a pourtant bien des soucis. Est-ce sa faute si les méchants qu'il pousse au pied du mur finissent toujours par lui tirer dessus et se font descendre par ce qu'il est en état de légitime défense (tir justifié > "Justified", cqfd) ?
Alors qu'il a fui le Kentucky, ses péquenauds, ses alcools frelatés et autres accouplements consanguins pour la douceur suave de Miami, le pauvre se verra renvoyé au pays après avoir descendu de façon "justifiée" un tueur de la mafia sur une terrasse de restaurant bondée.
Alors, malheureux, notre héros?
Mais non , il ne lui faudra que treize épisodes de la première saison pour revendiquer son appartenance à ce Kentucky où il est né : arrosé de Bourbon, nourri de Fried Chicken, où l'on frappe trois coups sur le montant des moustiquaires avant d'entrer.
Et le méchant?
Le méchant est évidemment un ami d'enfance du flic.
Leurs pères respectifs sont presque aussi vereux l'un que l'autre, ils ont courtisé les mêmes filles et joué ensemble à je ne sais plus quel sport local dont seul les américains connaissent les règles, etc...
J'ai vu Dieu ou je fais semblant? |
Erica goes to PloucVillage |
Goggis, après son rôle de premier ordre dans "the shield " ( et une pléthore d'interprétation en une quinzaine d'années) est formidable dans Justified, avec une palette d'émotions qu'on soupçonnait déjà. Cet acteur est impressionnant et les épisodes nous donnent l'occasion de voir son personnage évoluer, au moins en apparence. Mais les humains changent-ils vraiment?
Les deux premiers épisodes seront évidemment déclencheurs sur ce que vous penserez de l'ambiance, des thèmes, des personnages.
Moi, j'adore et, comme je n'ai trouvé de trace de diffusion française que sur une chaine "orange" (!), on essaiera la location de dvd pour s'en faire une idée entre amis et éventuellement y passer la nuit.
Timothy Oliphant (le marshall) a ses détracteurs après ses prestations dans Scream2, la série Deadwood, Dream Catcher ou the girl next door.. Aucune trace de ce mec dans mon cerveau poussif mais je l'aime bien dans Justified :
- ce mélange de "je me fous de ta gueule" et " on frappe avant d'entrer",
- cette opposition entre "j'ai un gros calibre " et "je marche comme une pétasse",
- ce physique de grande gigue qui n'a jamais connu les appareils de muscu.
Les personnages féminins offrent également une certaine complexité avec, en acteurs récurrents :
- la calme ex-femme du marshall, Natalie Zea,
- Joelle Carter son amie d'enfance qui va enfin "conclure" de plusieurs façons
- Erica Tazel, une enquêtrice qui a un peu de mal dans le monde des Pierrafeu
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