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jeudi 4 juin 2020

La Pomme de Discorde . Donald Westlake. Roman. Ebook

Il a fait son apparition dans les ebooks  populaires depuis que l'ebook est devenu populaire : le confinement de 2020.

En bibliothèque Ville de Paris, il est annoncé de 2015 et on pourrait croire à un ouvrage élaboré de la fin de carrière de Donald Westlake mais il n'en est rien. Seule sa numérisation date de  2015 et le roman date des seventies : et il n'a rien de l'originalité , de l'humour ni de la rudesse qui ont rendu l'auteur célèbre.

Ici, c'est plutôt du Hercule Poirot sans le charisme d 'Hercule, une espèce de Cluedo où l'enquêteur passe son temps à compter qui a pu faire ceci où cela, qui peut être éliminé des suspects...

La solution de l'énigme est aussi du genre ''le colonel Moutarde dans le salon fumeur''.

J'aurais dû chercher sur internet avant de le télécharger au lieu de griller mon potentiel de téléchargement en bibliothèque...

Mon avis : Pour les inconditionnels de Westlake ou les collectionneurs.


résumé :
Depuis son renvoi de la police de New York, Mitch Tobin flirte avec la dépression nerveuse. Aussi, lorsqu'il est interné dans un établissement de soins psychiatriques, la question est de savoir s'il est là en tant qu'enquêteur privé ou en tant que patient. ©Electre 2019


Infos :
Wax Apple  (Fausse Pomme) auteur : Tucker Coe   en 1970 ''Alerte aux dingues''  Originellement traduit par Denise May pour la Série-Noire.

ou    ''La Pomme de discorde ''        Traduction revue et augmentée par Marc Boulet chez rivage/noir et publié sous la signature de Donald Westlake.


  • Poche : 252 pages
  • Editeur : Rivages (13 mai 2015)
  • Collection : Rivages/Noir
  • Langue : Français
  • ISBN-10 : 2743632518
  • ISBN-13 : 978-2743632519

Liens :

mercredi 3 juillet 2019

J'ai vu Miséricorde de Mikkel Norgaard d'après Jussi Adler-Olsen

Maj Juillet 2019 : Aurais-je été sévère lors de la rédactiion de cet article de 2015? Trop d'attente créée par la lecture des romans qui ont précédé ce film vod? J'ai revu avec des amis Miséricorde et les autres opus de la série de films d'après les personnages de Adler-Olsen et ça se laisse voir...


Le 14 avril 2015.

Malgré les affiches aguicheuses placardées dans le métro, ce n'est pas en voyant Miséricorde, le film de en VOD que vous aurez accès au talent de son auteur, le romancier Jussi Adler-Olsen dont je disais le plus grand bien récemment. Si la trame de l'histoire est à peu près respectée, le film a tendance à réunir tous les poncifs de la normalité télévisuelle dans sa narration de l'histoire. 

Les comédiens choisis n'ont plus grand chose à voir avec ceux dépeints par l'auteur :

Carl Morck, décrit comme grognon mais plein d'humour, caustique et irrévérencieux, d'un physique peu avenant (n'est-il pas chauve?) est présenté à l'écran sous les traits d'un rugueux playboy lugubre et d'une grande tristesse.
Assad est normalement un petit gros, qui parle et rit très fort, conduit à fond la  vieille voiture de fonction et ne comprend rien aux expressions imagées de Carl. Dans le téléfilm, il est grand, séduisant, conduit raisonnablement une 508 neuve et semble uniquement présent pour donner une bonne image des minorités au Danemark.
L'histoire prend des raccourcis bien peu valorisants.
Dans le livre, la prisonnière du caisson va se montrer bien plus rebelle que dans le pauvre téléfilm qui en est tiré. Et c'est grâce à son astuce qu'elle arrivera à la fin qui lui est réservée, pas seulement avec l’intervention des deux héros et cela change tout : comme dans les autres oeuvres de Adler-Olson, les victimes ne sont pas de pauvres marionnettes qui attendent le chevalier blanc mais des humains actifs qui se battent avec la dernière énergie.

1h30 d'un polar quelconque

au lieu d'heures de lecture avec des moments de rire, d'angoisse, d'espoir... le choix est vite fait. on se précipite sur les bouquins et ebooks et il sera bien temps de voir le téléfilm qui n'est qu'une video calibrée dont la seule différence avec les modèles habituels d'avoir été tourné au danemark. 
Qui sait, la série Département V de Jussi Adler-Olsen aura peut-être la chance d'être reprise dans quelques années par un metteur en scène avec une vraie vision, comme l a été tardivement Wallander (et finalement avec des comédiens britanniques) .
L'affiche annonce qu'il s'agit du même scénariste que Millenium (film) : même punition, même motif. On ne peut résumer des romans qui mériteraient une série en un seul film sinon à perdre tout ce qui a fait leur succès en librairie.

PS1 : pour info, le 2eme volet, proposé au cinéma cette fois (après tout, avec la mode du polar nordique...) qui porte le même nom que son inspiration écrite "Profanation" continue dans la même veine : Rose, la nouvelle assistante iconoclaste et grande gueule du roman est montrée sous les traits d'une ravissante petite poupée rousse photogénique mais... bon, vous avez compris! 

PS2 : les titres français Miséricorde et Profanation n'ont évidemment rien à voir avec la traduction des titres d'origine : "La femme en cage" et "Tueurs de faisans". Mais , après tout, Retour Vers L'enfer s'appelait "Le tieur de daims" en VO...







samedi 9 mai 2015

J'ai lu Les Réponses, d'Elisabeth Little

Encensé en radio par Gérard collard, le médiatique libraire de La Griffe Noire, le roman Les Réponses est un sympathique roman d'Elisabeth Little bien dans l'air du temps.

Une gosse de People, connue pour ses pitoyables rebellions alcoolisées et coucheries adolescentes se retrouve accusée d'avoir tué sa mère, une coureuse de maris friqués bien connue de la bourgeoisie parvenue californienne. Après dix années d’emprisonnement passées sans connaitre les habituelles violences des prisons américaines(?), Marion sort de tôle après que les preuves retenues contre elle, comme dans plusieurs autres cas, aient été annulées car entachées de doute dans son dossier d'accusation. La pimprenelle est malheureusement poursuivie par les paparazzi et un blogueur particulièrement remonté qui a décidé de la pourchasser, arguant qu' une relaxe pour incompétence du procureur n'implique pas que l'accusée est finalement devenue innocente (et on peut partager son avis).
Pourquoi n'engage-t-elle pas un détective ? Premier mystère.
Pourquoi pense-t-elle qu'il faut chercher dans le lointain passé de sa mère pour trouver l'assassin? Deuxième mystère et ce sont les deux principaux que j'ai décelé dans le bouquin.
Il semble que la jeune fille "manipulatrice" soit restée un patchwork de caractères complexes et opposés, que ce soit pour lui donner un côté attachant, une profondeur factice ou pour faciliter l’enchainement des péripéties : je veux bien concéder cette troisième interrogation.
L'intrigue est-elle riche en rebondissements? Contrairement à l'avis donné par G.Collard en radio, j'ai trouvé que toute la partie centrale de l'histoire est un long tunnel de petites frayeurs, de
revirements sans grande intensité tant les principaux dangers encourus par l'enquêtrice en herbe sont mineurs : se couper les cheveux elle même pour ne pas être reconnue, abandonner ses tenues sexy pour passer pour une employée de bureau en goguette, résister à la séduction d'un policier sexy mais rustique. La peinture des campagnards américains n'est pas nouvelle ni spécialement intrigante : un coureur de jupons ancien playboy de lycée, deux copines qui se révèlent lesbiennes, d'autres personnages qu'on feint d'ignorer pour ensuite les présenter comme des coupables présentables...
Heureusement, le style est assez caustique, irrévérencieux, un peu "fille libérée" même s'il ne faut pas compter sur une description un peu détaillée dès qu'on aborde le sexe. Dans le genre enquêtrices déchainées, on trouvait tout ça en bien plus actif et drôle dans certaines séries de polars des années 80 impliquant des filles malignes autrement punchies et c'est peut-être cette demie-mesure qui m'a déçu ici. Si l'enquête n'est qu'un prétexte, si les invraisemblances sont nombreuses et si le personnage manque de couleurs et de consistance, que reste-t-il? Les mails, les sms, les pages de blog reproduites entre les chapitres de narration, une habitude actuelle dans les romans, séries et films.
Il reste un sympathique roman qui fait passer le temps sans empêcher de dormir et qu'on peut oublier chez soi le vendredi soir sans pourrir son week end. Les sms, blogs et mails sont bien dans le ton de cette production colorée, ancrée dans son époque et peu calorique que les jeunes lecteurs trouveront pétillante. Nombreuses recettes de petites manipulations féminines amusantes.

Ce n'est pas encore en poche, ça coute 21 euros mais chacun peut aussi le trouver en ebook sur ses sources habituelles (voir images).

Alain Lacour

mardi 3 juillet 2012

L'Heure Des Gentlemen - Don WINSLOW - Roman

On ne peut pas dire que le Polar Californien est un genre en lui-même tellement les variantes en sont nombreuses. Entre les mondes de James Ellroy et ceux de Joseph Hansen, peu de points communs. Don Winslow s'intéresse à la SC (South California), à SD (San Diego appelée amicalement San Dog) et aux surfers du XXIème siècle.
Evidemment, pas de quoi faire une série si ces surfeurs ne sortent pas de l'océan mais chacun d'eux a un "petit boulot", qui dans la police, qui dans une boutique de location de planches, qui en maître nageur tombeur,etc... Afin d'éviter le syndrome Miss Marpple, la retraitée paisible qui attire les meurtres de façon irréaliste, le héros de Don Winslow , qui s'appelle Boone Daniels est DP (détective privé, je précise pour les âmes perverties) en plus d'être surfer, beau garçon, coeur d'artichaud, timide et baraqué...
Notre ami Boone est aussi un peu morose : la seule fille du clan des surfers de La Patrouille de L'Aube qui réunit les jeunes dans l'eau chaque jour, la seule fille, donc, vient de passer professionnelle de la planche et fait une tournée  sponsorisée loin du pauvre DP. De plus, il ne sait pas trop dans quelle "position" ils étaient au moment de la séparation : amis? amants? presque fiancés?
Pire, le mois d'Août s'étire sur PB (Pacific Beach) et pas l'ombre d'un roll, d'une vague voire d'une vaguelette n'est visible, attendue, même imaginée et se retrouver chaque matin une heure dans l'eau pendant "La Patrouille de l'Aube", avant le boulot, ne permet que de papoter allongé sur son board ou gérer sa gueule de bois de la veille en se soulageant directement dans l'océan sans effort.
Si cette joyeuse bande avait 16 ans de moyenne d'âge, cela serait amusant mais nos compères semblent avoir dépassé la trentaine et d'autres cas de conscience étreignent notre personnage récurrent : n'est-il pas en train de devenir un homme, ne fait-il pas partie des vieux désormais et ne devrait-il pas quitter la "Patrouille de L'Aube" pour intégrer 'L'heure Des Gentlemen" qui lui succède et réunit les vieux briscards du surf qui, pour certains, ne prennent même pas la peine de mettre le pieds dans l'eau.
L'auteur a créé pour son héros tout un monde qui gravite autour du surf californien, en déroulant l'histoire légendaire et ses aboutissants actuels, dans une Californie Du Sud où l'immobilier est la dernière ruée vers l'or, où les petits garçons ont du mal à grandir, où les trentenaires croient avoir perdu toute séduction...
Notre détective ne va-t-il pas perdre ses amis en travaillant pour l'avocat qui défend l'assassin présumé du dieu local de la zénitude surfeuse?
Les gens cool ne sont-ils pas aussi bouchés et intolérants que les beaufs qu'ils fuient?
Y a-t-il une vie après l'âge de 20 ans?
Faut-il embrasser le premier soir?
Peut-on réussir à inventer un responsable à poursuivre en justice (eh, c'est l'Amérique!) quand on a construit sur des sables mouvants des demeures royales pour des dealers et qu'elles ont disparu dans un trou après un mini tremblement de terre arrosé d'une averse?
Je m'aperçois en tapant ces quelques lignes que ce bouquin est étrangement sérieux dans son ton. L'humour y est rare, les pages entièrement documentaires y sont nombreuses : c'est un cours sur la pratique du surf, l'investissement immobilier, la difficulté des relations hommes-femmes quand la femme est avocate et l'homme surfeur, la chronologie des différentes drogues qui se sont succédées dans le corps des californiens, la fin de l'ouverture d'esprit légendaire des surfeurs (lol) qui vire maintenant à l'esprit de clocher xénophobe : ma plage, mon break, mon pick-up, ma vague...
Oui, il y a une intrigue à la Perry Mason, plutôt bien faite d'ailleurs, qui amènera dans l'esprit de notre héros la pire des interrogations : maintenant que j'ai plus de trente ans, que mes amis surfeurs me détestent, que je suis amoureux d'une working girl fashionnista avocate bien payée, pourquoi ne pas aller jusqu'au bout de l’infamie et préparer les concours du barreau?
Ah, l'adolescence mentale où tout est posiible...

Mon avis : une nouveauté sympathique.

L'Heure des Gentlemen
Don Winslow 2009/2012
Editions du Masque  22€50
En bibliothèque de prêt également.

lundi 21 mai 2012

L'enfant allemand- Camilla LACKBERG - Roman

Choisir un titre n'est pas chose aisée et le traduire, pas plus facile. 
Il arrive que les traducteurs en disent trop sur l'intrigue (ou même sa solution) en imaginant un titre français.
"L'enfant allemand " est un joli titre qui donne tout simplement la solution de la principale énigme abordée dans le roman de Camilla Lackberg.
Idiot? Pourtant le traducteur n'est pour rien dans ce choix étrange. Le titre original est "tyskungen" qui, tous les suédois vous le diront, signifie  "enfant allemand" en français. Lackberg nous donne donc la solution de son intrigue dès le titre car, comme une partie de l'action se déroule pendant la guerre de 39-45 chez des suédois qui se connaissent tous et qu'arrive un réfugié, seul inconnu de l'équation, pas besoin de comprendre la physique quantique pour savoir qui sera le père de l'enfant allemand. Bon, d'accord, il reste un léger coup de théâtre dans les 5 dernières pages mais qui ne concerne, à mon avis,  que la périphérie de l'énigme.
Note : en anglais et en allemand, les traducteurs ont préféré :  "l'enfant caché" .

Alors, de quoi va donc pouvoir nous entretenir Camilla Lackberg pendant 450 pages? Quel est donc son objectif?

Il me semble que l'auteure s'est vraiment éclatée à relater une chronique des vies de familles suédoises du moment. Et elles ne sont guère différentes de celles qu'on connait en France, si l'on excepte l'effet amplificateur du passage à l'écrit.
En plus des quatre amis suédois de 1939-1945 rejoints par un bel inconnu de natioanlité norvégienne (mais l'est il vraiment?), d'autres intrigues font ainsi  l'essence du bouquin (environ 90% du texte) :
  • Un commissaire bougon va recueillir un chien abandonné et redécouvrir l'amour en dansant la salsa avec une quinquagénaire qui se révèlera la mère de la copine (lesbienne) et enceinte de la nouvelle inspectrice qui travaille avec lui.
  • Il y a une famille troublée dont le grand père est raciste (méchant)et dirige un parti d’extrême droite (hou!!!) , le père est journaliste démocrate (gentil), sa femme alcoolique (victime) et le fils adorateur du papy facho. Comment vont-ils s'en sortir?
  • Une auteure de romans ( quelle surprise!) et son flic de mari  viennent d'avoir un bébé : elle travaille sur son livre en se bourrant de sucreries pendant qu'il prend un congé-paternité. Arrivera-t-il à s'occuper de l'enfant sans aide féminine? Réussira-t-elle à se concentrer sur son livre et cette faim de sucrerie ne cache-t-elle pas quelque chose? Suspens... 
  • L'ex femme du jeune papa réapparait : ma malheureuse arrivera-t-elle à remettre la main sur son ex bien qu'il l'ait surprise au lit avec son amant?
  • La jeune soeur de l'auteure de roman arrivera -t-elle à faire cohabiter ses 2 enfants d'un premier mariage avec la fille adolescente de son nouveau mari qui hurle en revant à la maison et s'enferme dans sa chambre en mettant la musique à fond?
A la fin, la plupart des femmes accouchent ou sont enceintes ( à l'encontre de toutes les statistiques officielles) ce qui fait beaucoup de bébés, de couches à changer si on inclut le fameux "enfant allemand" né soixante ans plus tôt. Quant aux hommes, ils filent doux devant l'intelligence et la sagacité féminine.

Côté enquête policière, on remarque que :
  • les policiers oublient tous leur cellulaire dans la voiture avant de se retrouver enfermés, 
  • on ne vérifie ni les voyages aériens des suspects, ni leurs mouvements bancaires.
  • on se chamaille au commissariat pour avoir les biscuits fourrés et on se les roule pendant 2 mois avant de faxer à des collègues une photo  qui pourrait servir. 
Verdict :  Dommage qu'il n'y ait pas d' intrigue policière pour justifier la couverture et la collection. Mais tous ces gens sont bien sympathiques...On évoque beaucoup un journal personnel ancien qui aurait traversé notre époque : malheureusement, Camilla Lackberg ne nous le laissera pas lire, préférant des points de vue divers sur les états d'âmes des différents acteurs qui interviennent sans arrêt suivant un principe maintes fois utilisé dans les romans récents.

    Ils aiment ce roman :  http://www.babelio.com/livres/Lckberg-LEnfant-allemand/228899/critiques
    Le portrait de l'auteur par son éditeur : http://www.actes-sud.fr/contributeurs/laeckberg-camilla-0

    Auteur Camilla Läckberg
    Traduction Lena Grumbach
    Editeur Actes sud
    Date de parution 02/01/2011
    Collection Actes Noirs
    ISBN 2742794670
    disponible en bibliothèques de prêt. 
    lecture plus intéressante en famille avec des adolescents.

      lundi 26 mars 2012

      Moonlight Mile / Dennis LEHANE / roman

      "L'air était inhabituellement doux en ce bel après-midi de début décembre quand Brandon Trescott est sorti du spa du Chatham Bars Inn, à Cape Cod, pour monter dans un taxi. Une fâcheuse succession d'arrestations pour conduite en état d'ivresse lui ayant coûté le droit de prendre le volant dans l'État du Massachusetts pen­dant encore trente-trois mois, il se déplaçait toujours en taxi. À vingt-cinq ans, pourvu d'une solide rente depuis sa naissance, ce rejeton d'une magistrate de la Cour suprême et d'un magnat des médias locaux ne se conten­tait pas d'être un banal petit con de gosse de riches ; il battait tous les records dans sa catégorie. Lorsque les autorités lui avaient finalement retiré son permis, il en était à sa quatrième infraction pour conduite en état d'ivresse. Les deux premières s'étaient soldées par une amende pour excès de vitesse, la troisième lui avait valu un sévère rappel à l'ordre, mais la quatrième avait donné lieu à une action en justice car elle avait occasionné des blessures sur une personne autre que le conducteur, qui s'en était tiré sans une égratignure.
      En cette journée hivernale où le thermomètre indi­quait un peu moins de cinq degrés, Brandon portait un sweat-shirt à capuche griffé, avec effet taché et délavé, valant bien neuf cents dollars, sur un T-shirt blanc en soie au col déformé par une paire de lunettes noires qui devait aller chercher dans les six cents. Quant à son bermuda, il s'ornait de fines déchirures - la touche finale obligeamment apportée par un gamin indonésien payé une misère pour sa peine. Chaussé de tongs malgré la température, Brandon arborait avec nonchalance une belle tignasse blonde de surfeur dont quelques mèches rebelles s'obstinaient à lui retomber devant les yeux pour un effet des plus charmants.
      Un soir, après avoir bu comme un trou au Crown Royal, il avait retourné sa Dodge Viper en revenant de Foxwoods avec sa petite amie. Celle-ci ne l'était que depuis deux semaines, et il y avait peu de chances pour qu'elle puisse redevenir un jour la petite amie de quel­qu'un : la jeune Ashten Mayles se trouvait dans un état végétatif permanent depuis que le toit de la voiture lui avait broyé le sommet du crâne. L'une des dernières choses qu'elle avait tenté de faire quand elle avait encore l'usage de ses bras et de ses jambes, c'était de prendre ses clés à Brandon sur le parking du casino. D'après les témoins, il avait répondu à ses inquiétudes en expédiant vers elle sa cigarette allumée.
      Sans doute pour la première fois de sa vie, Brandon Trescott avait eu un aperçu des conséquences de ses actes quand les parents d'Ashten, qui ne roulaient pas sur l'or mais comptaient pas mal de relations politiques, avaient décidé de tout mettre en œuvre pour s'assurer que le responsable paye le prix de ses erreurs. D'où les poursuites intentées par le procureur du Suffolk pour conduite en état d'ivresse et mise en danger de la vie d'autrui. À aucun moment pendant le procès, Brandon ne s'était départi de son air scandalisé, comme s'il ne concevait pas qu'on puisse le tenir pour personnellement responsable de quoi que ce soit. Pour finir, il avait été reconnu coupable et condamné à quatre mois d'assigna­tion à résidence. Dans une résidence vraiment chouette.
      Au cours du procès civil qui avait suivi, il était apparu que le rejeton rentier se trouvait fort dépourvu. Il n'avait pas de rente, pas de voiture non plus, ni de maison. Pour autant qu'on puisse en juger, il n'avait même pas un iPod. Rien n'était à son nom. Oh, il y avait eu des choses à son nom, mais comme par hasard il les avait cédées à ses parents vingt-quatre heures avant l'acci­dent. C'était ce « avant » qui révoltait tout le monde, sauf qu'il n'y avait pas moyen d'apporter la preuve du contraire. Quand le jury du tribunal civil avait accordé aux Mayles sept millions et demi de dollars de dommages et intérêts, Brandon Trescott s'était borné à retourner ses poches vides en haussant les épaules.
      J'avais une liste de toutes ces choses que Brandon possédait autrefois et dont il n'avait plus le droit de se servir. L'usage des choses en question, avait précisé le tribunal, ne relèverait pas seulement de l'apparence de la propriété mais de la propriété de fait. Lorsque les Trescott avaient tenté de contester la définition même de « propriété » donnée par la cour, les journalistes leur étaient tombés dessus à bras raccourcis, et le tollé général avait retenti avec une force capable de ramener vers la côte les bateaux égarés en pleine nuit dans le brouillard ; sous la pression, ils avaient fini par accepter les termes du marché.
      Le lendemain, comme en un magistral bras d'honneur adressé à la fois aux Mayles et aux voix sonores de la populace, Layton et Susan Trescott avaient offert à leur fils un appartement à Harwich Port, les avocats des Mayles n'ayant pas mentionné dans l'accord les gains à venir ou les futures possessions. Et c'est justement en direction d'Harwich Port que je suivais Brandon en ce début d'après-midi du mois de décembre.
      Son appartement puait le moisi, la moquette impré­gnée de bière et les restes de nourriture abandonnés dans l'évier sur des assiettes encroûtées. Je le savais pour y être entré à deux reprises afin de poser des mouchards, de récupérer les mots de passe sur son ordinateur, et plus généralement de faire tout le boulot du parfait fouille-merde que les clients sont prêts à payer une for­tune du moment qu'ils peuvent prétendre ne rien savoir de ses activités. J'avais consulté les rares documents que j'avais pu trouver, mais sans découvrir la moindre trace de comptes bancaires dont nous aurions ignoré l'existence ou de relevés de situation qui n'auraient pas été communiqués. L'exploration minutieuse de ses fichiers informatiques ne m'en avait guère révélé plus : rien que de grandes tirades auto complaisantes adressées à ses ex-copains d'université et quelques brouillons de lettres pathétiques, bourrées de fautes, en attente d'être envoyées à diverses rédactions. Il se rendait sur des tas de sites porno ou de jeux en ligne et lisait tous les articles écrits sur lui.
      Quand le taxi l'a déposé devant l'immeuble, j'ai sorti de la boîte à gants mon magnétophone numérique. Le jour où je m'étais introduit chez Brandon pour pirater son ordinateur, j'avais également placé un premier émetteur radio pas plus gros qu'un grain de sel sous sa console de jeu et un second dans sa chambre. Je l'ai entendu pousser toute une série de petits grognements tandis qu'il se préparait à prendre une douche, puis je l'ai écouté passer sous le jet, s'essuyer, se rhabiller, se servir un verre, allumer son téléviseur à écran plat, s'ar­rêter sur une émission de téléréalité débile réunissant des décérébrés et s'installer sur le canapé pour se gratter à son aise.
      Je me suis donné deux bonnes claques sur les joues afin de me réveiller avant de feuilleter le journal que j'avais abandonné sur le siège passager. On prévoyait une nouvelle hausse du chômage. Un chien avait réussi à sauver ses maîtres d'un incendie à Randolph alors que, tout juste opéré de la hanche, il avait les pattes arrière immobilisées dans une sorte de fauteuil roulant pour toutous éclopés. Le boss de la mafia russe locale était poursuivi pour conduite en état d'ivresse après avoir échoué sa Porsche sur la plage de Tinean à marée haute. Les Bruins avaient remporté une victoire dans un sport qui me rendait somnolent quand je le regardais à la télé, et un troisième base de la Major League au cou de taureau avait réagi avec la plus vive indignation quand on l'avait interrogé sur son éventuelle utilisation de stéroïdes.
      La sonnerie du mobile de Brandon m'a interrompu dans ma lecture. Il s'est entretenu avec un gars qu'il n'arrêtait pas d'appeler « mon pelo », sauf qu'il pronon­çait « peleuh ». Ils ont parlé de World of Warcraft et de Fallout 4 sur PS2, des rappeurs Lil Wayne et T.I., et aussi d'une nana qu'ils connaissaient du club de gym et dont la page Facebook mentionnait toutes les séances d'exercice qu'elle s'imposait sur sa Wii alors qu'elle habitait - « sérieux, je te jure » - en face d'un parc, et j'ai regardé par la vitre avec l'impression d'avoir vieilli. 
      Ce sentiment-là me venait de plus en plus souvent, depuis quelque temps, sans pour autant me plonger dans la tristesse. Si c'est tout ce que les jeunes d'aujourd'hui savaient faire de leurs vingt ans, je les leur laissais volontiers. Leurs trente ans aussi, d'ailleurs. J'ai incliné mon siège vers l'arrière et fermé les yeux. Au bout d'un moment, Brandon et son « peleuh » ont pris congé :
      - Bon, ben, gaffe à toi, mon peleuh.
      -- Pareil pour toi, mec. Pareil.
      - Hé, peleuh...
      - Quoi ?
      - Non, rien. J'ai oublié. Fais chier. 
      - Quoi ?
      - D'oublier des trucs.
      - Sûr.
      - Allez, à plus.
      - Ouais, à plus.
      Sur ce, ils ont raccroché.
      J'ai cherché des raisons de ne pas me tirer une balle dans le crâne. J'en ai rapidement trouvé deux ou trois dizaines ; pour autant, je n'étais pas certain de pouvoir endurer de nouvelles conversations entre Brandon et un de ses « peleuhs ».
      Pour Dominique, c'était une tout autre histoire. Domi­nique était une prostituée haut de gamme entrée dans la vie de Brandon dix jours plus tôt par l'intermédiaire de Facebook. Ce premier soir, ils avaient tchaté pendant deux heures. Depuis, ils s'étaient parlé trois fois sur Skype. Dominique avait gardé tous ses vêtements mais s'était lancée dans des descriptions débridées de ce qui arriverait si a) elle daignait coucher avec lui et b) il réussissait à se procurer la confortable liasse de billets nécessaire à la concrétisation d'une telle éventualité. L'avant-veille, ils avaient échangé leurs numéros de portable. Et ce jour-là, Dieu soit loué, elle lui a passé un coup de fil trente secondes à peine après le « peleuh ». Exemple de la manière dont cet abruti répondait au téléphone :
      Brandon : Ouais, quoi ?  (Véridique. Et il y avait encore des gens pour l'appeler ... )
      Dominique : Salut.
      Brandon : Hé, salut ! Merde. Hé ! T'es dans le coin ? Dominique : J'y serai bientôt.
      Brandon : Super, t'as qu'à faire un saut ici, alors.
      Dominique ; T'as déjà oublié notre petite conversa­tion sur Skype ? Je ne coucherais pas avec toi dans cette décharge même en combinaison de protection.
      Brandon : Alors ça y est, tu t'es enfin décidée à cou­cher avec moi ? Merde, j'avais encore jamais rencontré de pute qui choisissait ses clients.
      Dominique : T'en avais déjà rencontré une qui avait ma classe ?
      Brandon : Ça non. Sans compter que t'as, quoi, presque l'âge de ma mère. Pourtant, merde, t'es la meuf la plus canon que...
      Dominique : T'es chou. Mais que les choses soient claires : je ne suis pas une pute, je suis une prestataire de services charnels.
      Brandon : Waouh ! Je sais même pas dans quelle langue tu me parles.
      Dominique : Tu m'en diras tant. Bon, file vendre une SICAV, encaisser un chèque ou je ne sais quoi, et rejoins-moi.
      Brandon : Quand ?
      Dominique : Maintenant.
      Brandon : Là, tout de suite ?
      Dominique : C'est ça, tout de suite. Je suis en ville juste pour l'après-midi. Il n'est pas question que j'aille
      à l'hôtel, alors t'as intérêt à trouver une autre solution, et vite, parce que je n'attendrai pas longtemps. Brandon : Même pas dans un hôtel superchic ? Dominique : Je vais raccrocher. Brandon : Non, tu...
      Elle a coupé la communication.
      Brandon a pesté. Expédié sa télécommande contre le mur. Balancé un coup de pied dans un truc.
      - Qu'est-ce que tu crois, que c'est la première et dernière pute surtarifée que tu croiseras dans ta vie ?
      Tu sais quoi, mon peleuh ? Des comme elle, tu peux t'en payer treize à la douzaine. Avec de la poudre en prime. Suffit d'aller à Vegas.
      Oui, il se donnait à lui-même du « peleuh ».
      Son téléphone a de nouveau sonné. Il avait dû l'en­voyer valdinguer quelque part en même temps que la télécommande, car la sonnerie me paraissait assourdie, et j'ai distingué des bruits dans la pièce me laissant supposer que Brandon retournait tout pour le retrouver. Quand il a enfin mis la main dessus, le combiné s'était tu.
      - Fais chier !
      Il avait crié tellement fort que si ma vitre avait été ouverte, je l'aurais sans doute entendu de la voiture.
      Il s'est écoulé encore trente secondes avant qu'il se mette à prier.
      - Écoute, mon peleuh, c'est vrai, j'ai déconné grave, mais si elle rappelle, je te promets que j'irai à l'église fourrer tout un tas de billets verts dans un de ces petits paniers. Et que je serai sage comme une image. Allez, peleuh, fais qu'elle rappelle.
      Oui, il avait aussi donné du « peleuh » à Dieu. Deux fois.
      Le combiné avait à peine éructé une première son­nerie que Brandon soulevait le clapet. 
      - Ouais ?
      - C'est ta seule chance.
      - Je sais.
      - Indique-moi une adresse. 
      - Merde. Je...
      - OK, je raccro...
      - 773 Marlborough Street, entre Dartmouth Street et Exeter Street.
      - Quel bâtiment?
      - T'inquiète, tout est à moi.
      - J'y serai dans quatre-vingt-dix minutes.
      - Attends ! s'est-il exclamé. Comment veux-tu que je fasse pour avoir un taxi tout de suite ? En plus, ce
      sera bientôt l'heure de pointe.
      - Alors vole, mon chou, vole ! Rendez-vous dans quatre-vingt-dix minutes, pas une de plus. Sinon, adieu.
      La voiture était une Aston Martin DB9 de 2009, un joujou qui valait bien deux cent mille dollars. Quand Brandon l'a sortie du garage deux maisons plus loin, je l'ai cochée sur la liste posée à côté de moi. Lui, je l'ai photographié cinq fois au volant tandis qu'il attendait une occasion de s'insérer dans le flot de la circulation.
      Lorsqu'il a démarré en trombe comme s'il voulait se propulser vers la Voie lactée, je n'ai même pas essayé de le prendre en chasse. À la façon dont il louvoyait d'une file à l'autre, même un empoté de première tel que lui n'aurait pas tardé à se rendre compte que je lui collais au train. Sans compter que je n'avais pas besoin de le suivre : non seulement je savais où il allait, mais je connaissais un raccourci.
      Il est arrivé à destination quatre-vingt-neuf minutes exactement après le coup de téléphone de Dominique. Il s'est rué dans l'escalier, et j'ai encore pris quelques clichés au moment où il déverrouillait la porte. Il a ensuite grimpé quatre à quatre les marches à l'intérieur sans remarquer que je lui avais emboîté le pas. Je me tenais à environ cinq mètres de lui, mais il était telle­ment survolté qu'il lui a fallu deux bonnes minutes pour s'apercevoir de ma présence. Dans la cuisine, au pre­mier, il a commencé par ouvrir le frigo avant de se retourner en entendant le déclencheur de mon SLR, puis de s'adosser à la haute fenêtre derrière lui.
      - T'es qui, toi, putain ?
      - Bah, c'est pas le problème.
      - T'es un paparazzi ?
      - Qu'est-ce que les paparazzi en auraient à cirer d'un branleur comme toi ?
      Je l'ai de nouveau mitraillé.
      Il a légèrement reculé pour mieux me jauger. Ayant déjà surmonté la peur suscitée par l'irruption d'un inconnu dans sa cuisine, il abordait l'étape suivante : l'évaluation du risque.
      - T'es pas tellement costaud... (Il a redressé sa tête de surfeur.) Je pourrais te foutre dehors sans problème.
      - Je ne suis pas costaud, c'est vrai, mais je te garantis que tu ne me foutras pas dehors. (J'ai baissé mon appa­reil.) T'as des doutes ? Alors regarde-moi bien dans les yeux.
      Il s'est exécuté.
      - Tu vois ce que je veux dire ?
      En guise de réponse, il s'est fendu d'un hochement de tête à peine perceptible.
      J'ai passé sur mon épaule la lanière de mon appareil
      avant d'adresser à Brandon un petit signe de la main. - J'allais partir, de toute façon. Alors bonne journée,
      et tâche de ne plus bousiller le cerveau de personne.
      - Qu'est-ce que tu vas faire de ces photos ?
      Les mots m'ont brisé le coeur en même temps que je les énonçais :
      - En gros, rien.
      Brandon a paru tomber des nues, ce qui semblait assez courant chez lui.
      - Tu bosses pour les Mayles, c'est ça ?
      J'ai achevé de réduire mon cœur en charpie.
      - Non. (J'ai soupiré.) Pour Duhamel & Standiford. 
      - C'est quoi, un cabinet d'avocats ? J'ai esquissé un geste de dénégation.
      - Une agence de sécurité, spécialisée dans les recherches et investigations.
      La bouche ouverte, les yeux plissés, il me dévisageait toujours.
      - Ce sont tes parents qui nous ont engagés, crétin. Ils étaient persuadés que tu finirais par faire une connerie parce que, eh bien, t'es qu'un con, Brandon. Ta petite démonstration d'aujourd'hui devrait confirmer leurs craintes.
      - Hé, je suis pas un con ! La preuve, je suis allé à Boston College.
      J'aurais pu lui balancer une bonne dizaine de vannes, au lieu de quoi j'ai senti un frisson de lassitude me parcourir tout entier.
      C'était ça, ma vie, aujourd'hui. Mon lot quotidien. J'ai quitté la cuisine.
      - Bonne chance, Brandon. (Parvenu à mi-hauteur de l'escalier, je me suis arrêté.) Au fait, Dominique ne viendra pas.
      Je me suis retourné et, le coude appuyé sur la rampe, j'ai ajouté :
      - Et Dominique, ce n'est pas son vrai nom.
      Ses tongs ont claqué sur le plancher avec un petit
      bruit de baiser mouillé quand il s'est avancé jusqu'à l'encadrement de la porte au-dessus de moi.
      - Qu'est-ce que t'en sais, d'abord ?
      - Elle bosse pour moi, tête de noeud."





      Tout ceci n'est que la pré-séquence, l'introduction de "Moonlight Mile " de Dennis Lehane et on se dit que l'auteur dépeint un  enquêteur qui semble avoir réussi son coup et qui devrait en être remercié : il n'en sera rien ... 
      Dennis Lehane (Shutter Island, Mystic River...) fait ici appel au personnage de très jeune enquêteur de "Gone, baby, gone" que l'on retrouve 12 ans plus tard.  Or, bien que ses enquêtes soient couronnées de succès,  il a de plus en plus de mal à comprendre le monde dans lequel il vit et à voir reconnus ses résultats professionnels car les formes comptent davantage que les capacités dans la société américaine de 2011. 

      On se rappelle que, dans "Gone, baby, gone", il avait retrouvé la jeune disparue même s' il s'était avéré que les méchants n'étaient pas ceux que l'on croyait et qu'un kidnapping n'est pas toujours réalisé pour de mauvaises raisons.
      Aujourd'hui, il ne faut pas seulement être efficace et professionnel mais aussi adopter un ton obséquieux et déférent en tendant la main au moment d'être rétribué, ne pas dire de gros mot en arrêtant un assassin, sourire en face de l'injure, encaisser sans tiquer les mensonges éhontés proférés par les puissants et travailler dur dans l'attente d'une offre de partenariat sans cesse repoussée à demain par le patron.

      Alors, quand cette affaire vieille de douze ans connaitra un tardif rebondissement et leur sera de nouveau proposée, Patrick et Angie n'auront d'autre choix que de repartir à zéro sur cette histoire qui promet si peu.
      Il en est de même du roman qui n'est pas une démonstration de maitrise comme a pu l'être "Shutter Island" mais plutôt un moyen pour l'auteur de nous narrer une assez bonne histoire en l'enrichissant largement de points de vue sur l'Amérique libérale d'aujourd'hui et donc de notre futur proche européen, des évidences que chacun semble découvrir quand il est trop tard, des lois qui excluent les sentiments... Un moyen également de (re)découvrir une belle relation de couple  avec les deux personnages qui ont aujourd'hui charge de famille.
      Un joli retournement en fin de roman, mais plutôt classique, avouons-le.

      Moonlight Mile
      2010/2011 Dennis Lehane
      Rivages Thriller  - Payot
      Paru  mai 2011

      ISBN  : 978-2-7436-2227-5
      EAN  : 9782743622275
      Nb. de pages : 380 pages
      20 euros

      lundi 14 mars 2011

      La mort aura tes yeux -James SALLIS

      (En fin d'article : Salt, le film)

      La mort aura tes yeux -James SALLIS 
      David a beaucoup de soucis. Espion ou plus vraisemblablement exécuteur, il travaillait pour une cellule spéciale prenant ses ordres de la CIA. Depuis la chute du mur, il ne semble pas s'être reconverti comme tant d'autres dans l'espionnage industriel sur lequel les USA fondent une bonne partie de leur savoir faire. Fatigué, déçu, usé, il a quitté le milieu pour se reconvertir dans la sculpture.
      "Chassez le naturel, il ne revient jamais" a dit Sonia Rykiel : c'est le contraire chez David : il a contenu sa créativité pendant ses années de silence, d'obéissance, de barbarie salariée et sa créativité finit quand même par s'épanouir.
      Il a aussi trouvé l'amour d'une femme qui l'aime avec ses secrets et qu'il devra bientôt tenir à distance : en effet, il est recontacté comme au bon vieux temps pour reprendre du service. L'occasion de  parcourir les états unis dans la grande tradition des road-movies pour attirer à lui les méchants et finir à la Nouvelle Orléans (période Avant-Ouragan) (un peu comme dans "Cripple creek" du même auteur).
       Le  héros de James Sallis (vu par la traductrice Elisabeth Guinsbourg) semble un homme bien, avec des valeurs, cultivé, pas trop donneur de leçons. La plupart des personnages de ce roman paru en 1996 sont bien fatigués mais toujours admiratifs de la merveilleuse capacité de leur pays à se recréer. Le 11 septembre 2001 leur redonnera peut-être un coup de fouet?

      Mon avis :  un roman agréable, pas trop chichiteux. Pas la révélation du XXème siècle mais sympa.
      Découvrir les 2 séries de romans de l'auteur vaut peut-être le coup.Et puis, au moins, il y aura de la lecture si on se met à kiffer ses héros. Je pense lire d'autres choses de James Sallis  puisqu'il semble assez productif et je ne pense pas avoir commencé par son roman le plus attractif


      Autres articles :  

      Biographie 'noire" (wikipedia)
      Série Lew Griffin
      Série John Turner

      Malus : S A L T, le film.
      Il y a des années, Angelina Jolie était une actrice et on a pu compter sur elle en tête d'affiche pour certains films 
      d'action, tels que Lara Croft. Du divertissement , certes, mais qu'on pouvait prendre avec le sourire.
      Ceux qui en sont restés à cette Angelina ont pu se laisser convaincre d'aller voir "Salt". Ils ont dû le regretter.
      Malheureusement, les acteurs principaux se contentent de cachetonner  et les seconds rôles ne sauvent pas le film.
      Jolie ressemble à la mère dans "Le coeur a ses raisons", incapable de la moindre expression faciale. Elle alterne 
      les perruques un peu comme un enfant croit qu'en mettant l'habit de Zorro, il deviendra Zorro.
      Elle entre même à la Maison Blanche grimée en homme sans être crédible une seconde! A côté, Julie Andrews dans 
      "Victor, Victoria", c'est Chabal !
      Les cascades sont réalisées à 30km/heure, en plan rapproché et en bougeant la caméra pour donner un peu de vie à l'ensemble. 
      Après un plan où l'actrice est légèrement salie par un attentat à la bombe dans une église, 
      on la retrouve impeccable entre deux flics dans une voiture de police. 
      Si, si, ce genre de film existe encore, même aux états unis !
      En gros, toutes les critiques négatives que vous avez pû lire ou entendre sur ce film sont en dessous de la vérité.
      Même l'intrigue est annoncée au mégaphone... Les russes sont fourbes mais les agents américains veillent. 
      Comme ils l'ont fait le 11 septembre 2001?
      • A voir au cinéma : non
      • A louer : non
      A voir bientôt à la télé?  : oui, si vous êtes de très bonne humeur,
      en lisant les blogs des fans d'Angelina qui encensent les 
      capacités de l'actrice.
        synopsis | casting | news  |   | liens  | photos |

        Titre original : Salt
        Film
         américain 
        Année : 2009 
        Genre : Espionnage Déja Vu
        Durée : 98mn 
        Date de sortie :  juillet 2010 
        Réalisé par  Phillip Noyce
        Scénariste
        Kurt Wimmer
        Producteur   Lorenzo di Bonaventura, Sunil Perkash
        Production
        Columbia Pictures, U.S.A.
        Distribution
        Synopsis
        Evelyn Salt, une agente de la CIA, est dénoncée par un déserteur comme étant une "taupe" russe. Salt doit échapper à la capture de ses supérieurs afin de prouver son innocence.
        Casting
        Angelina Jolie
        ...
        Evelyn Salt
        Liev Schreiber
        ...
        Ted Winter
        Chiwetel Ejiofor
        ...
        Peabody



          mercredi 2 mars 2011

          Les Visages - Jesse Kellerman

          Je me suis rué sur "Les Visages " de Jesse Kellerman qui fait pas mal de bruit récemment. Un libraire d'une chronique Thrillers de France Info le vantait fin janvier.
          J'ai été intéressé mais pas emballé. Trop d'attentes? Non, pas cela non plus.

          Je m'attendais, je crois, à quelque chose de plus nouveau.
          Le livre n'est pas mal écrit mais sans plus. Les chapitres alternent la narration d'une enquête qui alterne avec une espèce de journal intime : rien de nouveau là-dessus.
          Les personnages sont à mon avis, quelconques et finalement assez stéréotypés : un demeuré qui vit seul dans son appartement et sa vision de la vie, un jeune responsable de galerie de peinture qui s'est "échappé" de l'emprise de son père milliardaire, un ami et secretaire particulier du milliardaire qui fait le lien entre père et fils : non, vraiment, il n'y a rien de bien excitant là-dedans et le fait que des visages d'enfants disparus apparaissent dans une fresque crayonnée sur des feuilles de ramettes ne suffit pas à emporter mon adhésion...
          Bon, j'avoue, je ne me suis pas ennuyé mais je n'ai juste pas compris l'engouement que ce livre déclenchait. une campagne de pub?

          10 avril 2011 : D'autres avis du moment sur ce livre : http://www.meilleurpolar.com/ 

          « Si vous n’avez pas encore lu Jesse Kellerman, ne perdez pas une seconde. On ne rencontre pas tous les jours un talent de cette ampleur. » Harlan Coben

          « Une écriture remarquable, une tension maximale, un roman obsédant. Le meilleur thriller de l’année. » The Guardian