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lundi 19 décembre 2016

J'ai lu "Le Fond Du Problème" de Graham Greene


Graham Greene raconte le sale temps des colonies.

Ah, le bon temps des colonies ! Les colons pleins de suffisance et couverts d'avantages...
Graham Greene , en 1948, décrivait bien autrement la vie des envoyés
anglais en Sierra Leone pendant la guerre de 39-45. La loi entre les mains de fonctionnaires mal payés, mal logés par la couronne britannique, qui s'espionnent les uns les autres pour des ragots, des intérêts particuliers. L'argent aux mains des gros commerçants qui se livrent de plus à la contrebande de diamants et dépendent des
contrôles des britanniques.
Scobie, un "haut" fonctionnaire de la Couronne a bien du mal à répondre aux différentes attentes de sa femme alors que leur couple a connu un drame. Sa charge professionnelle exige son intégrité alors qu'il doit entendre les demandes et les propositions de tous. Comment gérer les adjoints de police locaux qui craignent de se rendre dans certains lieux ou de déplaire aux nantis... Scobie veut bien faire mais il ne peut méconter tout le monde et il a tant envie de bien faire...

Dans "Le Fond Du Problème" , Graham Greene raconte presqu'au jour le jour les petites tribulations de ce fonctionnaire chargé de faire appliquer au bout du monde les lois de la métropole tout en tentant de préserver de bonnes relations avec les colons voisins français, de faire fouiller chaque navire qui pourrait abriter un trafic, de recueillir les naufragés après les attaques des sous-marins allemands.
Comme Ruth Rendell qui l' a suivi dans cette façon de faire, Graham Greene installe un récit de la routine de cette vie peu excitante, nous racontant les priorités du Major Scobie et les affaires qu'il dédaigne, ses sentiments dans sa vie de couple ou les histoires qui l’indifférent, les exigences de sa religion et comment il les gère. Chaque problème semble se régler à son tour afin que le calme règne.

Pourtant, Scobie se retrouvera bientôt dans les ennuis. Qu'importe si ces ennuis nous semblent peu
importants ou ses solutions bien compliquées. Il sait qu'il devra faire des entorses à ses principes et lui seul peut décider lesquelles. Nous ne pouvons que suivre ses décisions et ses actes.S'il y a une morale, l'auteur ne la donne pas , et les collègues de Scobie qui auront compris ce qu'il a fait n'ébruiteront pas davantage ses motivations qu'il ne l'a fait lui-même. Y a-t-il un coupable ici?
L'intérêt est sans doute l'écriture de l'auteur, sa façon d'accumuler les indices qui mèneront son héros vers son acte mais aussi le portrait acide de cette mini Angleterre loin de l'Angleterre où les détenteurs de la loi se gendarment (mal) entre eux.

Alain Lacour , décembre 2016