Harry Cole se réveille trop tard, après 3 ans d'abandon de "famille" qu'il a passés à Hong Kong à cachetonner en garde du corps, ou autre job du genre ( En vérité, il a déja fait un retour au pays dans "Le leopard" ) .Il est appelé en Norvège pour sauver son presque-fils Oleg.
HC est-il donc comme tous les pères absents?
S'il revient aujourd'hui en Norvège c'est parce qu'Oleg est en tôle pour meurtre.
Dans l'esprit d'Harry, ses souvenirs, ses rêves (HC rêve beaucoup), Oleg est toujours le gentil petit garçon d'une dizaine d'années dont la maman, Rakel, est le grand amour de l'ancien policier. Chaque fois qu'il pense à eux, c'est comme sur la photo : 3 personnes heureuses et souriantes, le "papa", la maman comblée et le petit qui veut bien sourire pour la photo (pour déclencher l'automatisme "sourire" de l'appareil?).
Mais Beau-papa ne reste pas les deux pieds dans le même sabot : dès son retour, il rend visite en prison au rejeton qui l'envoie paître ( visite qui attire d'ailleurs l'attention des méchants qui vont essayer de buter l'adolescent entre les murs alors que le savoir embastillé leur suffisait jusqu'alors).
Harry Cole est aujourd'hui le héros idéal de tout auteur de polar de tradition américaine.
Ayant perdu son job de flic norvégien depuis sa désertion, il a bu comme un trou mais s'est plus ou moins arrêté, il est malheureux en amour, il a un pied dans la police (pour les renseignements) et un pied dehors (pour ne pas avoir à respecter la loi), , il mesure presque 2 mètres de haut ce qui en impose déjà, il est baraqué (bien qu'amaigri par la bouffe hongkongais qui fait pas le poids face aux boulettes norvégiennes) et il refuse de porter du ralph lauren et de l'Armani jeans. Comme d'autres personnages du roman, il a pourtant tendance à pourrir la vie de ceux qui ont le malheur de l'aimer : votre psy préféré vous expliquera ça très bien.
On comprend bien qu'il est facile pour le lecteur et la lectrice de le trouver captivant : d'ailleurs, les femmes l'adorent et les hommes font tout ce qu'il demande.
A part ces petites exagérations bien pardonnables chez un auteur (Jo Nesbo) qui a un bouquin à écrire, l'histoire elle-même est de bonne tenue, jouant souvent sur le récit à plusieurs voies.
Je trouve que le récit de Gusto pourrait d'ailleurs être regroupée en une seule nouvelle et garder son intérêt.
L'histoire de Truls, un flic aux ordres de son ancien pote de classe Mikael ( 2personnages déjà vus dans Le Leopard), est intéressante aussi, genre héros de Ruth Rendell, par ses misères et ses renoncements.
Mikael sera donc le futur patron de la police prêt à tout pour réussir (on a ça aussi chez nous), l'adjointe au maire sera chaudasse et manipulatrice... On est bien dans un polar de tradition américaine qui se passe en Norvège.
Pour ma part, je trouve qu'on ne s'en lasse pas et ça tient quand même merveilleusement bien la route : on peut comprendre néammoins que Nesbo ait aussi eu envie d'abandonner son héros pour écrire "Chasseur de têtes".
Alain Lacour
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